Les principales espèces de corvidés déprédatrices sont la corneille noire et le corbeau freux. La première est une espèce sédentaire et territoriale entièrement noire (y compris le bec), présente sur tout le territoire. Le corbeau freux, revêt également un plumage noir mais reconnaissable par son bec blanc grisâtre, il nidifie essentiellement dans les deux tiers nord du pays et la basse vallée du Rhône.
Des dégâts possibles jusqu’à 7-8 feuilles
Ces corvidés consomment les graines de maïs dès le semis et jusqu’au stade 4-5 feuilles, voire exceptionnellement jusqu’au stade 7-8 feuilles. En suivant la ligne de semis, ils sont capables de faire des dégâts importants, pouvant conduire à un resemis. L’intensité des attaques dépend des besoins alimentaires de ces volatils (en lien avec leur reproduction) et de l’offre alimentaire présente dans l’environnement (semis de maïs et autres ressources).
Les corvidés sont fortement présents dans les vallées avec des refuges à proximité (bois, grands arbres, nidification dans les parcs…). Ils n’apprécient pas d’être dérangés. Ainsi, les parcelles les plus à risque sont celles où la présence humaine est moindre (grandes parcelles, parcelles en hauteur avec vue dégagée, parcelles isolées).
Par ailleurs, une zone avec seulement quelques parcelles de maïs est davantage exposée au risque corvidés qu’un secteur où les semis seraient simultanés sur de larges surfaces (dilution de l’offre). C’est pourquoi leur présence est fréquemment signalée dans des régions où la culture de maïs est minoritaire.
Éviter les semis en décalé et sur des sols motteux
La présence des corbeaux dans un secteur géographique est souvent peu maîtrisable mais certains facteurs peuvent permettre de limiter partiellement les dégâts occasionnés.
Dans la mesure du possible, il est préférable de ne pas semer les parcelles trop en décalé - c’est-à-dire trop précocement ou trop tardivement - par rapport à l’environnement proche. Le semis superficiel (2-3 cm) est aussi une pratique à risque favorisant la préhension des graines : il est préférable de respecter une profondeur de semis de 4 à 5 cm. De plus, un lit de semence trop motteux avec présence de nombreux résidus peut faciliter les déprédations de plantules par les corbeaux.
Des traitements de semences sont disponibles sur le marché pour un usage répulsif corbeaux. Ces spécialités chimiques autorisées appartiennent à la famille des carbamates. Elles ont fait l’objet d’expérimentations depuis plusieurs années.
L’efficacité des traitements dépend de l’intensité de l’attaque
Face à des attaques modérées et tardives, essentiellement sur plantes au stade 1-2 feuilles, les traitements de semences Gustafson 42 S (160 g thirame/q) et Korit 420 FS (250 g zirame/q) permettent de préserver une bonne partie des plantes avec une efficacité de l’ordre de 45 %. En situations exposées à des attaques plus précoces (avant la levée) et plus intenses, Korit 420 FS permet de conserver un nombre de plantes légèrement supérieur à Gustafson 42 S. Si les attaques sont très fortes, au point de faire disparaître toutes les plantes du témoin (situation correspondant à une présence prolongée des oiseaux sur les parcelles d’essai), aucun des produits ne s’avère satisfaisant : le taux de plantes restantes est quasiment nul.
Face à une efficacité partielle et variable des traitements, il est primordial de tout mettre en œuvre pour éviter les fortes attaques de corvidés. Il convient d’abord de ne pas semer en décalé par rapport aux parcelles environnantes pour essayer de diluer les dégâts, et de favoriser - si possible - une levée rapide. De nombreux systèmes d’effaroucheurs existent (épouvantails, canons…). Leur efficacité peut parfois être décevante suite à une accoutumance souvent rapide des oiseaux. Un passage humain régulier reste souvent le plus efficace pour éviter une installation des corbeaux dans la parcelle.
Alerter pour une régulation au niveau du territoire
Mais tout ne se joue pas à l’échelle de la parcelle. Il est important de déclarer les éventuels dégâts de corvidés (DDT, mairie, Chambre d’agriculture, fédération de chasse…) afin que des actions de régulation puissent être conduites par des chasseurs ou piégeurs agréés et limiter ainsi le risque pour les années suivantes. L’efficacité de ces actions s’inscrit dans le temps.