« Dans mon Gaec, trois associés vont partir en retraite d’ici 2 à 3 ans. Alors nous préparons l’arrivée de deux jeunes agriculteurs. » Le cas de Jérôme Moy, agriculteur à Paimpont et président de Groupama Loire Bretagne, est loin d’être exceptionnel. Dans les 10 prochaines années, la moitié des agriculteurs français arrivera à l’âge de la retraite. L’enjeu du renouvellement des générations est donc crucial pour maintenir notre autonomie alimentaire et le dynamisme du milieu rural. Du côté des futurs cédants, comme des porteurs de projets, une transmission demande de la préparation. La mobilisation des acteurs autour de cette étape est d’autant plus importante que les projets sont multiples. Certaines installations vont se faire dans la continuité du modèle familial, d’autres vont voir naître une multitude de propositions, autour d’autres pratiques, d’autres productions que celles de leurs prédécesseurs, et intéresser des repreneurs non issus du milieu agricole.
Une multitude de projets
« Pour celui qui va prendre sa retraite, c’est une page qui va se tourner, reconnait Jérôme Moy. Il faut qu’il s’y prépare au niveau personnel, qu’il pense à là où il va habiter, à ce qu’il va faire, mais aussi qu’il prépare le devenir de son exploitation. » Les différents aspects économiques, notamment, de la retraite demandent de l’anticipation. « Il faut se pencher sur les conséquences fiscales de la vente de son exploitation, penser à se constituer une épargne, une retraite complémentaire, encourage le président de Groupama Loire-Bretagne. Si la reprise a lieu dans le cadre familial, il faut penser à sa succession dans sa globalité pour ne pas favoriser un de ses enfants. »
Pour le porteur de projets, aussi, il y a une multitude d’aspects à aborder. Le premier, pour les jeunes de plus en plus nombreux à s’intéresser à l’agriculture sans en être issus, est de trouver la bonne exploitation. « Il y a aussi de nombreux cédants sans successeurs », rassure Maxime Pawlak, co-fondateur d’Eloi, entreprise à mission, qui connecte ces deux générations. D’ailleurs avec un ratio de trois départs pour une installation, ce sont plutôt les cédants qu’il faut rassurer. Ils doivent présenter leur exploitation sous son meilleur jour, et avoir continué à investir pour proposer un outil fonctionnel.
Privilégier la valeur économique
« Les jeunes qui ont envie de s’installer sont prêts à changer de région pour trouver l’exploitation qui correspond à leur projet, partage Maxime Pawlak. Les cédants, comme les Gaec à la recherche d’un nouvel associé, peuvent utiliser les réseaux, pour montrer qui ils sont. » Les premiers contacts établis, restera à se mettre d’accord sur les aspects financiers. « Il faut privilégier la valeur économique, encourage Maxime Pawlak, celle qui traduit ce que l’exploitation peut générer pour que le repreneur se dégage un salaire et puisse rembourser l’achat. » Il faudra aussi penser à ses futures conditions de travail. « Quand on est jeune, on se sent invincible. Pourtant, dès l’installation, il faut penser à sa sécurité, conseille Jérôme Moy, la sécurité du travail dans ses bâtiments, celle de son revenu face aux aléas climatiques, celle de pouvoir se faire remplacer en cas d’accident. »