Le syndicat France Grandes Cultures (FGC) et la Coordination Rurale ont réclamé le 20 juillet une suppression immédiate et pérenne de la jachère obligatoire. Une dérogation avait été déjà accordée en 2022 aux États membres par la Commission Européenne face à l’importance des répercussions du conflit russo-ukrainien. Les organisations sont favorables à une suppression permanente de l'obligation de jachère, contre-productive en raison des contraintes d’entretien qu’elle fait peser sur les agriculteurs.
Une représentation erronée des jachères
« Contrairement aux idées reçues, la plupart du temps les jachères ne ressemblent pas à des champs fleuris, mais plutôt à une monoculture de graminées nécessitant un entretien régulier (désherbage et broyage) ce qui implique des coûts et des contraintes supplémentaires pour les agriculteurs », indique Damien Brunelle, président de FGC.
« Obliger les agriculteurs à avoir des jachères est une mesure contre-productive qui doit disparaître, sans pour autant être remplacée par d’autres plus contraignantes, poursuit le syndicaliste. Ainsi cette mesure censée soutenir l’activité agricole, induit une charge de travail supplémentaire non prise en compte par l’institution européenne », selon le syndicat. En conséquence, les deux organisations souhaitent obtenir une réponse rapide de la Bruxelles sur ce sujet afin d’informer les agriculteurs « en prévision de leurs assolements pour la période 2023-2024. »
Mieux adapter la politique agricole européenne
La FGC et la Coordination rejettent les mesures ponctuelles de dérogations à l'obligation jachère tout en reconnaissant la nécessité d’une réforme de la Pac face au nouveau contexte induit par les bouleversements de la récente crise sanitaire et les impacts du conflit russo-ukrainien.
« La France et l’UE doivent se doter de politiques efficaces et cohérentes pour protéger leur agriculture et tendre vers une plus grande autonomie, notamment en protéines. Le contexte dans lequel la Pac 2023-2027 a été proposée puis négociée est loin d’être celui que nous connaissons aujourd’hui, et pour autant, les conséquences de la crise du Covid-19 et de la guerre en Ukraine n’entraînent pas de changement de cap. La fermeture du corridor de la mer Noire récemment annoncée par le porte-parole du Kremlin montre que l’arme alimentaire n’est pas qu’une simple expression et que l’Europe doit s’adapter », ajoute Damien Brunelle.