La présidence de la FNSafer constitue-t-elle une suite logique à votre engagement ?
Installé hors cadre familial à l’est de la Marne, sur une exploitation d’élevage laitier, je ne me suis pas tout de suite investi dans la profession, car je n’étais pas issu d’un parcours agricole, loin de là. Je suis donc rentré tardivement dans le syndicalisme, et je suis tombé dans le foncier en entrant à la Safer il y a une douzaine d’années. La présidence, on en avait discuté il y a quelques années, mais ça m’était sorti de la tête puisqu’Emmanuel Hyest s’était représenté il y a un an et demi. Et nous étions un conseil d’administration en total soutien avec ses positions.
Il m’a fallu du temps pour me décider à candidater, car j’ai d’autres engagements – je suis également maire et conseiller département - mais la Safer a toujours été ma priorité. C’est une grande responsabilité, le foncier, je sais que c’est à risque ! Mais il faut réaffirmer notre position, la faire connaître, être transparent et rigoureux. Je me suis toujours engagé dans ce sens-là.
Votre présidence s’inscrira donc plutôt dans la continuité de la précédente ?
Ce ne sera pas un changement de cap, mais on va retravailler certains sujets comme la prospective, car nous sommes face à des évolutions rapides dans le monde agricole et la société civile. Face à des difficultés majeures dans certaines filières, comme la viticulture, nous avons décidé de mettre en place sans attendre une commission stratégique afin de réfléchir à notre vision et nos orientations. Il faut refaire de la stratégie.
Dans cette dynamique, le bureau exécutif a été également élargi avec trois membres supplémentaires, pour avoir toutes les composantes de la FNSafer et préparer notamment les futurs renouvellements.
Vous souhaitez ouvrir davantage les Safer ?
On a toujours été ouverts, et il faut ouvrir, j’ai toujours défendu cette position. Beaucoup de monde pense que la Safer, c’est fermé, opaque, que c’est une politique de copinage... On n’a pas cessé d’ouvrir, mais il faut qu’on invite plus dans les comités techniques et les conseils d’administration. C’est en cours, on doit l’amplifier. Les comités techniques sont au cœur du travail des Safer, c’est là que les orientations sont prises.
Il s’agit donc d’une ouverture plus large, oui, mais qui reste mesurée. Selon moi, intégrer des minorités qui ne représentent qu’eux-mêmes, ce n’est pas le but recherché. L’objectif est de faire connaître les Safer, les problématiques du monde agricole, et de recréer un climat de confiance.
Quelles sont vos autres priorités pour ce mandat ?
Nous devons revoir notre positionnement politique et technique, réaffirmer nos priorités et surtout, avoir une stratégie par rapport au renouvellement des générations agricoles. On va continuer aussi à travailler sur le financement du foncier, l’installation, le fonds de portage. Il faut également une action un peu différente sur la forêt, car il y a de grandes attentes dans certaines régions.
Quelles sont les attentes de la FNSafer en cette rentrée politiquement agitée ?
Nous poursuivons nos actions pour faire avancer certains textes, lois et décrets, mais avec le contexte législatif particulièrement confus, il est essentiel de prendre du recul pour anticiper ce qui va se passer. Pour le moment, les dossiers que nous portons avancent peu. D’ici la fin de l’année, nous ferons également un bilan de la loi Sempastous afin de voir comment l’améliorer.
Nous avons des attentes concernant la loi foncière, mais il est probable que toutes les mesures ne puissent pas être adoptées en une seule fois. Les enjeux sont nombreux : statut de l’agriculteur, statut du fermage, mais aussi le problème du travail en prestation total, qui est une gangrène de l’installation. Aujourd’hui, on a des chefs d’exploitation qui habitent parfois à 700 km de leur lieu d’exploitation ! On en a besoin de ce travail en prestation, mais un agriculteur doit être sur le terrain et rester maître des décisions.
La question est celle du modèle agricole que l’on veut demain. On sait qu’on a des atouts, on a des jeunes, mais il faut leur donner les moyens d’accéder aux moyens de production, notamment au foncier