Conformément à la tradition, le président de la République a inauguré ce 22 février la 57e édition du Salon international de l'agriculture, à Paris, avec l'intention d'expliquer sa vision de la transition agricole avec "pédagogie".
Dès son arrivée et avant même de couper le ruban tricolore, le chef de l'Etat a échangé avec les leaders syndicaux FNSEA et Jeunes agriculteurs qui, drapeaux et panneaux de revendications à la main, l'ont questionné sur plusieurs sujets sensibles, notamment l'application de l' article 44 de la loi Egalim et l'application des ZNT.
Que ce soit lors de cet échange en guise d'introduction à sa journée marathon - le président est resté près de 13 h sur le salon - ou lors des longues séquences de dialogue avec les représentants professionnels, Emmanuel Macron n'a pas apporté davantage de réponses aux multiples interrogations des agriculteurs.
Sur les ZNT et le glyphosate:
- l'enveloppe de compensation de 25 M€ annoncées jeudi soir ne concernera que les maraîchers, arboriculteurs et viticulteurs, mais pas les producteurs de grandes cultures.
- pas de moratoire pour l'application de ces ZNT;
- le glyphosate pourrait continuer d'être utilisé en agriculture de conservation.
Sur l'application de l’article 44 de la loi Egalim:
- « On va renforcer les contrôles pays par pays et améliorer le contrôle dans les grands ports d’entrée »;
- « Il nous faut une coopération européenne pour pleinement le contrôler ».
- le président veut continuer à mettre la pression sur les distributeurs.
Sur les retraites agricoles:
- Pas de revalorisation des retraites actuelles: « pour traiter le stock, il faudrait 1,1 milliard d’euros(...) on ne peut pas financer toutes les retraites passées car on ne peut pas demander aux actifs d’aujourd’hui de financer les retraites en cours plus le stock »
Sur la filière viande bovine:
- Le Président de la république a rappelé ce qu'il a toujours dit aux acteurs de la filière, en les invitant à « mieux vous organiser ». «Vous êtes dans la main de Bigard (...), vous devez mieux vous organiser entre vous», a lancé le président à des éleveurs.
Sur le plan Protéines:
- Le Président de la République a reconnu que le dossier n'avait pas suffisamment avancé. "Mais nous sommes restés sur une démarche constructive avec lui", explique le producteur.
- Des annonces sur le fameux plan protéines promis par le chef de l'Etat devrait être intégrées au Pacte productif "au printemps", donc d'ici la fin du premier semestre 2020.
Sur la protection et le mal-être des agriculteurs:
- Le chef de l'Etat a annoncé la mise en place d'une mission parlementaire ad hoc sur la prévention du mal-être agricole. Cette mission est confiée au député Olivier Damaisin, député du Lot-et-Garonne.
L’agriculture « dans une transformation historique »
Le président a rappelé son attachement à la transition agricole, « historique » selon lui, tout en affirmant sa volonté de ménager les agriculteurs en évitant une cassure entre le monde agricole et le reste de la société. « Il y a de l’impatience d’une partie de la société française, qui peut créer ce divorce en stigmatisant. Mon rôle est de réconcilier tout ça, car si on va trop vite, on risque de casser notre agriculture et de devoir importer davantage de la part de pays où les normes sont moins exigeantes et l’agriculture de moins bonne qualité ».
Concernant le fonds de compensation 25 millions pour les ZNT : « J’ai dit qu’on serait aux côtés des agriculteurs, il faut accompagner pour assumer cette transition. On va lancer toutes les concertations nécessaires pour, au cas par cas, s’équiper comme il faut et regarder les situations très difficiles ». Néanmoins, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, précise que ce fonds de compensation ne concernerait que le maraichage, la viticulture et l'arboriculture. Pour l’heure, les grandes cultures ne pourraient pas y prétendre. Après le rendez-vous des filières grandes cultures avec Emmanuel Macron, Eric Thirouin, président de l'AGPB, reste en tout cas "sur sa faim". "On va continuer notre combat syndical sur ces deux points-là : la compensation économique, et faire homologuer, pour ce qui est des ZNT, un certain nombre de dispositifs par l’Anses" pour permettre de réduire les distances minimales de non traitement à proximité des habitations, explique-t-il.
Quant au moratoire, demandé par la FNSEA et JA, ce n’est pas possible, selon le président, « sinon le gouvernement va se prendre une condamnation, mais je vous entends sur la sécurité juridique pour les semis de printemps et d’automne et ça, on l’apportera ». « Ce à quoi je tiens c’est la baisse des pesticides et la sortie du glyphosate, avec pas d’interdiction sans solutions », a-t-il insisté. il a également admis que l'interdiction du glyphosate ne pourrait pas être effective sur toutes les exploitations en 2021.
De son côté, le ministre de l'agriculture a précisé que l'herbicide pourrait continuer à être utilisé en agriculture de conservation.
Loi Egalim et négociations commerciales
L’application de l’article 44 de la loi Egalim, qui doit empêcher l’importation de produits qui ne correspondent pas aux normes françaises, « n’est pas parfaite », a consenti le président. « On va renforcer les contrôles pays par pays et améliorer le contrôle dans les grands ports d’entrée. Il y a aussi le sujet des normes sociales et du coût du travail qui est un sujet de distorsion en Europe, on va vous apporter une réponse là-dessus ». Il faut aller au bout de ce qu’on a proposé au niveau européen, c’est-à-dire avoir une agence sanitaire ».
Sur le sujet des négociations commerciales, le président veut continuer à « mettre la pression sur les distributeurs, il y en a qui jouent le jeu, mais on a augmenté les contrôles et on va faire des assignations. L’assignation Leclerc l’année dernière a eu son effet ».
Pas de revalorisation sur les retraites agricoles en 2020
Enfin, concernant la revalorisation des petites retraites agricoles, le président a indiqué que « pour traiter le stock, il faudrait 1,1 milliard d’euros ». « On ne peut pas mettre tout le monde à 85 % du Smic, on ne peut pas financer toutes les retraites passées car on ne peut pas demander aux actifs d’aujourd’hui de financer les retraites en cours plus le stock », a-t-il insisté.