L’UFS alerte sur la perte d’attractivité de la production de semences

Olivier Paul président de l'UFS et Rémi Bastien vice-président de l'UFS
Olivier Paul, président de l'UFS, et Rémi Bastien, vice-président de l'UFS, le 13 novembre. (©Terre-net Média)

Comme pour la majorité des productions, la campagne semencière a été marquée par des difficultés inédites liées aux conditions climatiques à l’automne, au printemps, et lors de la récolte. En céréales et en protéagineux, les productions seront probablement en retrait, mais malgré tout suffisantes pour alimenter le marché, a indiqué l’UFS, à l’occasion d’un point de conjoncture, le 13 novembre. De même, en dépit d’un recul important (- 24 %), en partie lié au marché, la production de semences de maïs devrait se maintenir à un niveau standard.

Des tensions seront en revanche possibles sur le tournesol, dont les récoltes ont été tardives et marquées par un excès d’eau, tout comme pour le soja et pour le sorgho, avec des inquiétudes concernant la qualité. En betteraves, l’année sera également mauvaise, mais le disponible sera compensé par les productions italiennes, explique l’UFS.

Des contraintes qui risquent de décourager les producteurs

Dans un contexte de crise agricole, avec les mobilisations qui reprennent, « on peut apporter via les semences de la rémunération dans la ferme », estime pourtant Olivier Paul, président de l’UFS. Il faut cependant trouver un équilibre entre la complexité technique de cette production, et les contraintes réglementaires.

L’UFS demande notamment « une réaffirmation claire que les semences traitées ne sont pas assimilées à des produits phytosanitaires », comme c’est de plus en plus souvent le cas depuis 18 mois, lorsqu’il s’agit d’exporter. S’appuyant sur l’article 83 de la première loi Égalim, qui prévoit l’interdiction de produire et de stocker des substances actives interdites dans l’UE, le ministère de la transition écologique demande désormais de déclarer les semences traitées en « mélange de produits phytosanitaires », déplore l’UFS, qui rappelle que l’article de la loi ne devait pas s’appliquer aux semences. Cette « surinterprétation » peut avoir des conséquences très contraignantes pour le transport, mais également pour le stockage des produits dans les fermes, si les semences sont considérées comme des produits phytosanitaires, ajoute l’UFS.

En parallèle, la France n’a désormais plus la dérogation qui lui permettait d’exporter des semences produites avec des substances interdites dans l’UE, mais autorisées dans les pays de destination, une dérogation que seule l’Espagne conserve désormais. L’UFS demande donc au gouvernement d’accompagner les semenciers dans la recherche d’alternatives.

D’une façon générale, quand une substance autorisée pour la production de semences est interdite ou non renouvelée au niveau européen, il reste parfois chez les semenciers des stocks importants qu’il est nécessaire de valoriser là où les produits sont encore autorisés, plaide l’UFS.

Un retard en matière de recherche-innovation ?

L’UFS craint un empilement de contraintes qui favorise la production de pays concurrents, en Europe mais aussi dans le reste du monde, où sont notamment autorisées les NGT, les nouvelles techniques génomiques. Le projet de règlement européen est toujours en discussion, et le manque de visibilité sur ces questions freine les investissements de la part des entreprises, explique Rémi Bastien, vice-président de l’UFS. « On prend du retard par rapport au reste du monde », alerte-t-il.

En France, l’enjeu est également de soutenir l’innovation variétale, à travers le Crédit Impôt Recherche, un dispositif remis en question chaque année dans le projet de loi de finances, alors qu’il représente près du quart du budget dédié à la recherche par les entreprises semencières (notamment en finançant les emplois), rappelle Olivier Paul, qui souligne que le temps nécessaire à l’élaboration d’une variété s’échelonne entre sept et douze ans.

Le manque de compréhension des sujets spécifiques à la semence, de la part des politiques, constitue ainsi un sujet majeur pour l’UFS, qui a mis en place sur son site internet une expérience pédagogique pour mieux appréhender le rôle de la semence. Car demeure, au final, l’enjeu du renouvellement des générations. « Généralement, la multiplication se fait de père en fils, mais quand ça s’arrête, ça ne reprend jamais », indique l’UFS. Alors que la France comptait un peu plus de 19 100 agriculteurs multiplicateurs en 2017, ce chiffre avoisine aujourd’hui les 16 000 producteurs.

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