« Chez Axéréal, l'objectif est d'accompagner 3 000 fermes en agriculture régénérative d’ici 2030 »

Thomas Monville manager Innovations et transition agronomique chez Axéréal pilote la stratégie bas-carbone et l'ambition du groupe coopératif vers l'agriculture régénérative.
Thomas Monville, manager Innovations et transition agronomique chez Axéréal, pilote la stratégie bas-carbone et l'ambition du groupe coopératif vers l'agriculture régénérative. (©AdobeStock / Axéréal)

Le groupe coopératif Axéréal a annoncé fin septembre 2025 que sa trajectoire de décarbonation était désormais reconnue par la SBTI – Science Based Targets Initiative – pour l’ensemble de ses activités agricole et de transformation alimentaire. Une reconnaissance qui atteste que les objectifs poursuivis par la coopérative sont conformes à ceux de l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

« Axéréal s’est engagé dès 2021 dans des démarches bas carbone certifiées », explique Thomas Monville, manager Innovations et transition agronomique du groupe coopératif. Concrètement, « l’exploitation fait un diagnostic de son bilan carbone et s’engage à le réduire. Chaque année, elle perçoit des revenus complémentaires corrélés à l’amélioration de ce bilan », poursuit-il.

« 500 producteurs adhérents sont déjà engagés dans ces démarches carbone certifiées, contre 250 en 2024. Cela illustre bien la très bonne dynamique et l’engagement des agriculteurs sur cet enjeu. »

[Vidéo] Décarbonation du secteur grandes cultures : La démarche collective d'Axéréal et l'initiative individuelle de François Vanier

https://dai.ly/x9rswmk

D’ici 2030, la coopérative espère embarquer 1 200 exploitations dans ces démarches bas carbone pour atteindre son engagement SBTI : réduire ses émissions de GES de son « amont agricole » de 30 %, et celles liées à l’énergie de 42 %.

Sur le terrain, en moyenne, les exploitations engagées avec Axéréal sur cet objectif bas-carbone émettent « 2,7 t de CO2 par ha et par an ». « Et la dynamique de stockage est de 0,9 t de CO2. »

Des crédits carbone aux montants encore insuffisants

« La réduction de l’empreinte carbone n’est pas que le sujet de l’agriculteur et de son organisme stockeur. C’est aussi un sujet pour les entreprises de l’aval puisqu’elles aussi ont des obligations sur ce sujet. Cela fait converger tous les maillons de la filière », complète Thomas Monville qui pointe néanmoins une difficulté.

« Le principal frein à cette dynamique est que les crédits carbone n’ont pas la valeur suffisante pour compenser 100 % des coûts de transition vers des démarches bas-carbone, donc on a besoin de filières qui nous accompagnent, via des démarches filières rémunérées. C'est notre travail de tous les jours, il faut qu’il aille aussi vite que le rythme de recrutement des agriculteurs. »

De la stratégie bas-carbone à l’avènement de l’agriculture régénérative

Les opportunités et ambitions d’Axéréal autour de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ont pris un spectre beaucoup plus large depuis 2024. « La "transition", ce n’est pas que le carbone. On parle désormais d’agriculture rénégérative car il faut considérer dans son ensemble l’impact des pratiques dans le sol », poursuit Thomas Monville.

Le groupe coopératif a enrichi son référentiel de production CultivUp en juin 2024, devenu « CultivUp Régénératif », qui intègre intègre désormais 74 critères d’impact environnemental, comme « l’allongement des rotations des cultures, l’intégration de légumineuses capables de produire de l’azote dans le sol, la préservation de la biodiversité, etc. »

« Il faut regarder davantage ce qui se passe sous nos pieds. »

« Les agriculteurs veulent s’engager dans une démarche agronomique globale qui permet d’avoir un système plus résilient, notamment face aux aléas climatiques. Améliorer le stockage de carbone dans le sol, c’est améliorer le taux de matière organique. C’est un moyen de mieux encaisser les aléas climatiques, qui constituent le premier facteur de baisses des rendements sur nos territoires. »

« Quand on regarde ce qui se passe dans les sols, on s’aperçoit qu’on a perdu 0,4 points de matière organique en 15 ans, détaille le spécialiste. Pour contrer cela, nous cherchons à agir sur deux leviers : réduire l’impact de l’azote, et améliorer le bilan humique des sols pour qu’ils puissent restituer davantage ce qui se minéralise chaque année. »

Mais alors que l’azote constitue la principale source d’émission des GES d’une exploitation, sa réduction n’est pas encore le premier levier activé par les adhérents engagés. « Le premier levier, ce sont les couverts végétaux. Même s’ils ne viennent pas réduire les émissions, ils viennent en compenser une partie et ils offrent d’autres bénéfices agronomiques. »

« Le deuxième levier, c’est d’utiliser des formes d’azote moins volatiles. Le troisième, c’est de revoir son assolement, en y introduisant davantage de légumineuses. Et enfin, de s’orienter davantage vers des engrais organiques », liste Thomas Monville.

Plus qu'un coût, un investissement avec des bénéfices à long terme

Pour atteindre ses objectifs, Axéréal doit désormais inciter et accompagner ses adhérents à activer non pas un ou deux leviers, « mais trois, quatre ou cinq ». « Activer des leviers de réduction, ce n’est pas qu’un coût, c’est un investissement avec des bénéfices à long terme. »

Si le groupe coopératif espère rassembler pas moins de 3 000 agriculteurs adhérents d’ici 2030, Thomas Monville reconnait « manquer encore d’éléments tangibles pour convaincre davantage d’agriculteurs ». « C’est la raison de notre projet Arpège, un travail de recherche et développement cofinancé par BPI France dans le cadre du plan France 2030. »

Deux axes de recherche prioritaires ont été identifiés : « lever les verrous techniques qui peuvent freiner le développement des cultures bas intrants et améliorer leur productivité », et « l’évaluation des bénéfices sur la santé des sols de ces cultures bas intrants ».

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