Installé en polyculture-élevage à Tilly dans l’Eure, Sébastien Boitte a construit en 2018 un bâtiment de stockage de grains d’une capacité de 2 300 t. L’objectif : « avoir plus d’autonomie pendant la moisson (pas de contrainte horaire) et permettre aussi une meilleure valorisation de sa récolte (primes de stockage) ».
« Toujours partir sur des bases saines »
Parmi les points d’attention, l’agriculteur rappelle l’importance de « partir toujours sur des bases saines ». Les principaux ravageurs au stockage (charançon, capucins, tribolium, silvain…) ne vivent pas dans les champs, ils sont présents partout où le grain reste après l’utilisation des machines, systèmes de manutention ou encore des lieux de stockage.
Ainsi, avant les récoltes, l’agriculteur prend soin de nettoyer son bâtiment, souffler les gaines de ventilation, etc. Il applique également en préventif du K-Obiol dans toutes les zones à risque (rainures…). Malgré ces précautions, la conservation du grain reste un réel défi, car ce dernier, une fois stocké, a tendance à chauffer naturellement, favorisant l’apparition de moisissures ou d’insectes et dégradant sa valeur.
20 à 30 % d'économies d'énergie
« Je me suis rapidement rendu compte qu’il fallait être vigilant sur la ventilation des grains, note Sébastien Boitte. J’ai commencé en ventilant à l’ancienne, c’est-à-dire en mettant en route le ventilateur quand je pensais que c’était le bon moment et puis je me suis équipé au fur et à mesure. »
Sur les conseils de sa coopérative Sévépi, le producteur a investi il y a 4 ans dans des sondes connectées Javelot (réseau basse fréquence) et depuis l’an dernier, il a choisi le système de suivi global qui associe les sondes thermométriques au pilotage automatique de la ventilation.
Avec la plateforme Store&save, Sébastien Boitte peut ainsi surveiller en temps réel l’évolution de la température de ses stocks de céréales depuis son téléphone ou son ordinateur. Et selon des critères définis par le producteur, la ventilation se déclenche uniquement lorsque cela est utile. L’objectif : permettre un refroidissement optimal des stocks, et ainsi éviter le développement d’insectes ou de moisissures.
D’après les données Javelot, « le recours à une ventilation optimisée favorise la réduction des insecticides de stockage (- 90 %) et les économies d’énergie (20 à 30 %) par rapport à une conduite classique (ventilation systématique) ».
Quand son bâtiment est plein, Sébastien Boitte dispose d’environ une dizaine de sondes thermométriques. Il met en avant « un gain de sérénité et d’efficience ». « Je n’habite pas sur le corps de ferme. Avant l’installation des outils Javelot, il fallait systématiquement venir sur place pour surveiller la température, déclencher la ventilation et l’arrêter. Mais je n’étais pas toujours sur la ferme aux créneaux optimum ».
« Collecter des céréales et les stocker : deux métiers différents »
« Collecter des céréales et les stocker sont deux métiers différents. Il était essentiel pour nous de proposer à nos agriculteurs stockeurs de se professionnaliser sur le sujet », précise Arnaud Reigner, responsable stockage Sévépi.
La coopérative, basée en Normandie et en Ile-de-France, a noué une collaboration avec Javelot depuis plusieurs années. Ayant elle-même doté l’ensemble de ses 25 silos industriels, c’était la suite logique de proposer à ses adhérents de les équiper également avec ces solutions connectées de l’après-récolte. Et comme Sébastien Boitte, une trentaine d’agriculteurs ont déjà sauté le pas, ce qui représente environ 10 000 t de grains. « On espère doubler le nombre d’engagés d’ici 5 ans », ajoute Arnaud Reigner, qui accompagne les agriculteurs dans cette gestion.
C’est une démarche « gagnant/gagnant ». « Pour la coopérative Sévépi, responsable de la qualité de la marchandise livrée, c’est la garantie d’une préservation optimale des grains tout en évitant les déclassements et les pénalités liées à la présence d’insectes. » « Surtout que les normes vis-à-vis des insectes se durcissent, note Claire Pelletier, directrice terrain chez Sévépi. Cela représente une véritable problématique pour la coopérative avec un éventail de solutions chimiques qui se réduit. Le biocontrôle est un levier, mais on n’utilise la terre de diatomée qu’en préventif, car elle peut modifier leurs caractéristiques (poids spécifique) sinon ».
« La coopérative développe notamment les débouchés vers la meunerie (environ 30 à 40 % de la collecte de blé tendre) et de nombreux cahiers des charges spécifient de ne pas recourir aux insecticides de stockage. » « Pour des questions de traçabilité, certaines filières demandent aussi d'être capable de justifier la surveillance de la température, c'est facile depuis la plateforme digitale Javelot d'extraire un plan de ventilation », précise Arnaud Reigner.
« Pour l’agriculteur, c’est également l’assurance de préserver et maximiser la valeur de son stock tout en facilitant son quotidien ». « Un passage régulier reste toutefois indispensable, rappelle Claire Pelletier. La première alerte reste les oreilles et le nez, il est important de venir surveiller et sentir son stockage. »