« On est très inquiets, on a la trouille », a déclaré mercredi à l'AFP Philippe Pinta, président de l'AGPB (association des producteurs de blé). Il fait état d'un déficit hydrique de 50 % en moyenne, le double de ce qui est constaté habituellement à cette période de l'année. En ce moment de croissance, « la plante a besoin de boire », a-t-il déclaré. Elle a faim également : « il faut qu'il pleuve pour que l'azote descende aux racines », a expliqué Philippe Pinta. Il a constaté que les épis de blé étaient globalement d'un vert un peu plus pâle qu'à l'accoutumée, d'autant qu'il y a du vent, qui « dessèche encore plus » les cultures.
L'inquiétude est d'autant plus grande pour Philippe Pinta, également cultivateur en région parisienne, qu'« on n'annonce pas d'eau avant 10 jours » et que les prévisions à dix jours ne sont « pas forcément fiables ». Après une année 2015 « correcte en volumes, mais où les prix n'étaient pas au rendez-vous », Philippe Pinta a rappelé que 2016, affectée par de fortes pluies et de grosses inondations, avait été une année très difficile, fragilisant déjà de nombreuses exploitations. « Je ne sais pas combien (d'exploitants) vont rester vivants si on se prend une deuxième année catastrophique », a-t-il prévenu.
Si les régions les plus touchées au départ étaient la Bretagne et le grand bassin parisien, désormais « la plupart des régions sont en déficit hydrique », a-t-il expliqué. Les agriculteurs ont désormais les yeux rivés vers le ciel... et la lune. « Il y aura un changement de lune dans 10 jours », a rappelé Philippe Pinta, qui espère du coup une évolution climatique à ce moment-là. Globalement, la plupart des cultivateurs ont peu d'eau depuis six mois, déjà. Cet hiver, notamment, a été marqué par des précipitations inférieures de près de moitié aux normes de saison. La situation n'est pas encore rédhibitoire, mais « tout va dépendre du temps qu'il va faire dans les prochains jours », a indiqué Philippe Pinta, pour qui on y verra « beaucoup plus clair dans un sens ou dans l'autre » début mai.
Il est également inquiet du peu de couverture assurantielle des exploitations, car « certaines trésoreries sont très à plat », depuis la récolte de l'an dernier. Environ un quart des surfaces étaient assurées lors de la dernière campagne.