À la recherche d'une culture rustique pour ses terres de landes pauvres en manganèse, Dominique Luherne s'est tourné vers le triticale afin de diversifier son assolement. L'agriculteur a implanté une dizaine d'hectares cette campagne pour la vente et aussi pour de l'auto-consommation (vaches laitières).
« Créé il y a 150 ans à partir de croisements entre blé et seigle, le triticale cumule les atouts des deux espèces : rusticité et bonne production de paille du seigle, productivité et valeur nutritionnelle du blé », met en avant le GIE Triticale, qui regroupe les acteurs majeurs français de la recherche variétale sur le triticale (Agri-Obtentions, Lemaire Deffontaines, RAGT Semences, Secobra et Florimond Desprez) et fête ses 25 ans.
Itinéraire technique
Dominique Luherne avait déjà fait des essais en 2008 et obtenu un rendement grain supérieur à celui du blé tendre dans son secteur (+ 30 % environ). Pour le moment, il se dit plutôt satisfait : « le triticale semble prometteur ». L'agriculteur détaille l'itinéraire technique suivi :
- Semis le 26/10/21 en TCS. Variétés : Bréhat et Lumeco, densité de semis : 280 gr/m².
- Désherbage : Trooper (2 l/ha) le 19/11/21.
- Apports d'azote : 40 u le 18/02/22 et 90 u 3 semaines plus tard (20 à 30 u de moins que sur blé tendre)
- Régulateur : passage de Medax Top (0,7 l/ha) le 5/04/2022.
- Protection fongicide : passage de Caramba Star (1 l/ha) le 13/04/22, l'agriculteur pense faire un autre passage plus tard.
- Deux passages de manganèse.
Le #triticale que l'on vient de réintroduire sur l'exploitation semble prometteur pic.twitter.com/lQ1RN3zc3U
— Dominique Luherne (@Dominiqueluhern) April 28, 2022
Pour le GIE triticale, « la grande souplesse dans l'élaboration du rendement permet au triticale de pouvoir compenser un manque de densité grâce à sa capacité à produire des épis avec un nombre de grains important (70-80/épi). C’est aussi l’une des espèces céréalières qui montre le meilleur rendement paille, devant celui du blé, tout en conservant une productivité grainière élevée ».
« Un bon pouvoir couvrant »
« Ces capacités s’inscrivent dans une gestion agronomique moins gourmande en intrants avec, par exemple, une densité de semis et des apports azotés 20 à 25 % plus faibles qu’un blé ». Le rendement paille intéresse notamment Dominique Luherne et ses associés, qui doivent habituellement acheter entre 20 et 30 ha de paille à l'extérieur. Verdict à la moisson !
En attendant, le triticale est également reconnu pour son « pouvoir couvrant, précise le GIE. Sa capacité à recouvrir rapidement le sol lui permet de concurrencer l'arrivée et le développement des adventices, ce qui participe à la réduction des désherbages chimiques et limite les passages mécaniques. Sa biomasse importante peut aussi lui donner un attrait pour la filière de la biométhanisation et de la production d’énergie vert. »
Avec ses atouts, l'organisation estime que le triticale est une « espèce qui gagne à être connue » dans le cadre d'une agriculture plus résiliente. Ses membres unissent leur expertise et leur savoir-faire. Objectif : mener des programmes de recherche en commun dans le but de créer des variétés plus performantes, plus rapidement.