Témoignages d'agriculteurs
Stockage à la ferme : « beaucoup moins de stress pendant les moissons »

Fabienne et Cyril Collot stockent toutes les céréales de leur exploitation depuis 2017.  (©Terre-net Média)
Fabienne et Cyril Collot stockent toutes les céréales de leur exploitation depuis 2017.  (©Terre-net Média)

« Mon épouse Fabienne et moi sommes associés sur une ferme de 380 ha produisant du blé, des orges d’hiver et de printemps, de la betterave sucrière, de la luzerne pour déshydratation ainsi que de la pisciculture, explique Cyril Collot, installé à Maisons-en-Champagne dans la Marne. Nous stockons toutes les céréales depuis 2017. L’objectif était d’économiser du temps au moment des moissons. Notre bâtiment est au milieu des champs alors que le silo est à 8 km : il faut une personne de moins sur le chantier. »

Un retour sur investissement en 7 à 8 ans

Coût de l'investissement : « 450 000 € dans un bâtiment de 1 600 m2 comptant sept cases de 25 m x 6 m, dont cinq équipées de ventilation, ainsi qu’un espace de stockage non fermé. Nous avons ajouté 160 000 € pour des panneaux photovoltaïques. La vente d’électricité ainsi que les primes au stockage proposées par Vivescia, de 8 ou 17 €/t pour du stockage court ou long, permettent un retour sur investissement en sept à huit ans. J’ai signé un contrat avec la coopérative qui s’engage sur la durée d’amortissement du bâtiment ».

« Stocker exige de suivre l’évolution des températures grâce à des sondes connectées et d’être réactif pour piloter la ventilation en fonction des conditions extérieures. Il faut aussi surveiller la présence de rongeurs. Avant les moissons, trois jours sont nécessaires pour nettoyer les cellules et traiter les parois et les gaines de ventilation. Puis, au cours de l’automne et de l’hiver, environ trente-cinq heures sont nécessaires pour charger les grains stockés pour expédition. Nous sommes très satisfaits. Certes, il faut financer le bâtiment et nous verrons l’avantage économique au bout de neuf ans, mais nous avons déjà beaucoup moins de stress pendant les moissons. Stocker nous permet aussi d’avoir accès à des contrats de filières. »

« Nous commercialisons nous-mêmes à des meuniers locaux »

Céréalier à Saint-Macaire-du-Bois (Maine-et-Loire), José Godineau cultive aujourd'hui 600 ha avec ses trois associés : « nous réalisons aussi des prestations pour des exploitations voisines, témoigne-t-il. La réforme de la Pac en 1992 a été un déclic. Je cultivais alors 200 ha avec mon père, et je ne voulais pas être soumis à un cours mondial inférieur à mon coût de production. J’ai donc cherché des débouchés locaux et qualitatifs, puis démarré la construction d’un silo ».

« Depuis 2005, notre Sarl a le statut d’organisme stockeur permettant de vendre directement aux meuniers et d’acheter la récolte de voisins. Nous avons une capacité de 11 000 t en 25 cellules de 150 à 2 500 t. Nous collectons 9 000 t, dont 5 000 t de blé meunier, ainsi que du sarrasin, vendus à huit moulins en Pays de la Loire et en Bretagne. Nous vendons aussi du maïs waxy pour le floconnage, du tournesol pour l’oisellerie, du colza, du millet, du soja. Pour avoir accès à ces marchés qualitatifs, nous nous sommes équipés : nettoyeur-séparateur, dépoussiéreur, humidimètre, infralyseur pour mesurer les taux de protéines et d’huile, deux séchoirs à biomasse pour le maïs, le tournesol et le millet, et bien sûr, un système de ventilation avec thermostat. Nous pouvons descendre à 5°C pour le stockage long, car notre point fort est de n’utiliser aucun insecticide. Aujourd’hui, nous sommes autonomes et moins exposés au marché mondial. Notre marge est supérieure pour couvrir le travail supplémentaire et les investissements. Environ 50 % de notre charge de travail concerne le stockage et la commercialisation. Notre projet, désormais, est de nous diversifier avec, par exemple, le soja. »

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