Ce 27 novembre 2023 sur M6, comme tous les lundis depuis fin août, Karine Le Marchand est en prime time. Contrairement aux autres semaines, ce n'est pas l'histoire d'amour potentielle entre des agriculteurs/agricultrices et leurs prétendants/prétendantes que les télespectateurs vont pouvoir suivre mais celle de l'agriculture sur les 100 dernières années, comme déjà proposé dans plusieurs documentaires.
6 familles d'agriculteurs, sur plusieurs générations
L'originalité de Familles de paysans, 100 ans d'histoire, présenté et produit par l'animatrice de L'Amour est dans le Pré, et réalisé par Delphine Cinier : l'historique sert de toile de fond et de fil conducteur entre six familles d'exploitant(e)s, dans différentes régions françaises, et les générations qui se se succèdent sur ces exploitations.
Entre les nombreuses images d'archives à (re)découvrir, s'intercalent celles filmées chez les Feugère (céréaliers bio en Seine-Maritime), les Lefranc (éleveurs de vaches laitières dans la Manche), les Auboussu (producteurs de bovins et ovins allaitants dans la Nièvre), les Mazingarbe (endiviers dans le Nord), les Barban (qui élèvent des brebis laitières dans les Hautes-Alpes) et les Boyer (maraîchers dans le Vaucluse). Partout un attachement fort à la ferme où le plus souvent parents, enfants, grands-parents travaillent ensemble, comme leurs aïeux avant eux, et au premier plan la transmission de ce patrimoine et des savoir-faire du métier.
Transmission choisie ou subie
Ici choisie, avec véritablement un partage d'expérience et une ouverture au changement, là davantage contrainte, sans beaucoup de place laissée à la communication, aux évolutions, aux décisions concertées, et où il est plus difficile de trouver sa place : certains ont renoncé plus ou moins consciemment à leur envie de faire autre chose, d'autres ont bataillé pour conquérir leur liberté d'entreprendre.
En particulier, les femmes du monde agricole, les grands-mères et encore quelques mères qui n'ont pas eu de reconnaissance sociale et légale (statut, salaire, droits, retraite...) pour le travail qu'elles ont fourni. L'une d'elle s'est vue notamment refuser, par son mari, sa demande de devenir conjointe collaboratrice, puis de constituer un Gaec entre époux, dispositif qui n'est existe pourtant que depuis un peu plus de 10 ans.
Montrer les difficultés et la capacité d'adaptation des exploitant(e)s
Le documentaire met en avant les réussites : les progrès techniques et mécaniques de l'agriculture en général, et comment ces familles d'agriculteurs s'en sont saisies, et les adaptations plus spécifiques qu'elles ont mises en place pour se diversifier et lever les difficultés rencontrées : transformation et vente directe, agritourisme, diminution des intrants (phytos, engrais) pour produire en agriculture raisonnée, en bio ou sous d'autres labels (HVE, etc.), retour à des variétés anciennes, promotion de ses activités et produits auprès du grand public, etc.
En détaillant justement les problèmes auxquels la profession est confrontée : les crises, économiques, sanitaires, climatiques ; la charge de travail avec des longues journées et semaines, et de rares week-ends et congés qui impactent la sphère personnelle (loisirs, vie de famille) ; les fluctuations et faibles niveaux de prix, et la responsabilité de l'agroalimentaire et de la grande distribution dans ce domaine.
Ainsi que le manque de revenu qui en découle et qui met en péril l'avenir de l'exploitation (redressements judiciaires, faillites), et parfois celui de la famille (séparation) et des exploitants eux-mêmes (santé physique et mentale). Des témoignages empreints à la fois d'émotion et de volonté d'aller de l'avant, qui donne aux non-initiés une image plutôt fidèle aux réalités du terrain.
