
La réforme de la Pac a simplement consisté à déshabiller Paul pour habiller Pierre. Afin de sécuriser l’avenir de l’agriculture française et européenne, il aurait fallu une réflexion beaucoup plus profonde, pour que la nouvelle politique agricole soit en adéquation avec les ambitions allouées à notre secteur.
Les exploitations du Nord-Pas-de-Calais font partie des grandes perdantes de cette Pac. Très spécialisées (en betteraves, lin ou lait) et avec une surface moyenne de 62 ha, elles bénéficiaient de Dpu souvent plus élevés qu’ailleurs. Ces derniers s’en trouveront d’autant plus réduits. Cette diminution des aides découplées va entraîner une perte de 60 M€ pour les 13.000 fermes de la région. Elle ne sera nullement compensée par le dispositif de paiement redistributif. Comment pourrons-nous nous y adapter ? Il est encore trop tôt pour le dire. Sur le terrain, la plupart des agriculteurs sont inquiets. D’autres, n’ayant pas calculé la baisse des aides pour leur structure, n’ont pas pris pleinement conscience des difficultés à venir.
Cette réforme ne doit pas, in fine, détruire l’envie de continuer à diversifier les productions de notre région et surtout l’emploi ! Avec 85.000 personnes travaillant directement ou indirectement dans l’agriculture, notre secteur est le premier employeur du Nord-Pas-de-Calais ! Les mesures du second pilier, qui restent à préciser, sont désormais notre seul espoir de compenser la réduction des aides. Dans ce cadre, l’élevage doit être la priorité. Dans un territoire comme le mien, il serait impensable de ne pas chercher à préserver la vocation "élevage" et la valeur ajoutée qui va avec.
Mais encore faudrait-il être entendu par le conseil régional, qui devient autorité de gestion du développement rural ! Les échanges sont pour le moins difficiles. Pas sûr que les élus régionaux partagent nos objectifs : ceux d’une agriculture productive, respectueuse de l’environnement, compétitive et créatrice d’emplois et de valeur ajoutée. Pourtant, nous démontrons régulièrement que notre activité est l’un des piliers de la richesse régionale et nationale.
