Rouille jaune : une épidémie à craindre ?

Rouille jaune : une épidémie à craindre ?

Rouille brune sur blé en 2014
Rendez-vous en février pour suivre l'évolution du risque et les stratégies fongicides à mettre en œuvre. (©Terre-net Média)

Pour 2015, les risques d’une nouvelle épidémie sont réels. Trois facteurs plaident pour ce scénario  : l’importance de l’épidémie de 2014, les conditions climatiques favorables de l’été et de l’automne, et l’emblavement de variétés sensibles. Mais tout n’est pas joué.

Un hiver rigoureux peut limiter la production d’inoculum

Les conditions hivernales – température et humidité – vont jouer un rôle déterminant sur la quantité d’inoculum disponible en sortie d’hiver. Plus l’hiver sera doux et humide, plus l’inoculum de « démarrage » sera important et le niveau de risque élevé.

Sans détruire l’inoculum, les températures froides stoppent le développement des spores de rouille jaune. En cas de gel, les feuilles les plus âgées sont détruites, ainsi que l’inoculum qu’elles contiennent. Les températures négatives, jusqu’à - 10°C, ne compromettent pas la survie de l’inoculum, tant que les tissus de la plante hôte restent vivants. Pour mémoire, en 2012, les températures proches de - 20°C n’avaient que retardé l’apparition de la maladie. Elle avait été observée au mois d’avril.

L'eau et la température, deux carburants pour les épidémies

Les conditions climatiques du printemps seront également déterminantes sur la progression voire l’explosion de la maladie. Le développement de la rouille jaune est en effet lié aux températures sur la plupart des étapes du cycle du champignon (germination, pénétration, sporulation). Les spores (urédospores) germent en effet entre 7 et 15°C et l’optimum pour une infection se situe entre 10 et 16°C. Le développement de la maladie est ralenti au-dessus de 20°C pour être stoppé à 25°C. 

Mais la présence d’eau libre, sous forme de rosées matinales par exemple, est indispensable pour la germination des spores ; il suffit alors de 3 heures pour que les urédospores germent. A l’inverse, des conditions sèches sont défavorables au développement de la maladie.

Surveiller les variétés moyennement sensibles à très sensibles

La résistance variétale reste le moyen le plus économique et le plus efficace pour lutter contre cette maladie. Face à des attaques de rouille jaune, les variétés les plus résistantes, notées 8 et 9 selon le classement Geves/Arvalis-Institut du végétal, ne présentent généralement pas de symptôme, tout au plus quelques stries. Elles ne justifient d’aucun traitement contre la maladie, même en cas de forte épidémie.

Retrouvez le classement des variétés selon leur sensibilité à la rouille jaune pour : 
- le blé tendre
- le blé dur
- le triticale.

Les variétés résistantes représentaient en 2014 près de 40 % des surfaces cultivées de blé tendre. Dans les zones littorales du Nord-Ouest, les plus favorables à la maladie, il est recommandé de privilégier ces variétés.

Les autres variétés, classées « très sensibles » à « moyennement sensibles », sont à surveiller en priorité. Les variétés classées « assez résistantes » peuvent, lors de fortes attaques comme celles de 2014, présenter des symptômes tôt en saison et nécessiter un traitement fongicide précoce contre la rouille jaune.

Attendre le stade épi 1 cm pour déclencher la lutte fongicide

En année classique, si des foyers actifs sont observés, un traitement fongicide n’intervient pas avant le stade « épi 1 cm ». Un traitement, à base de triazoles, est déclenché en général au stade « 1 nœud », dès l’observation des premières pustules.

Le niveau exceptionnel de la rouille jaune en 2014 a poussé Arvalis-Institut du végétal à recommander un traitement avant le stade « épi 1 cm » (T0). Les données collectées appuient ces préconisations. Sur quatre essais conduits sur des variétés très sensibles (Trapez, Altigo) ou sensibles (Koreli) à la rouille jaune, la comparaison entre un déclenchement très précoce (T00) au stade tallage et un premier passage (T0) au stade « épi 1 cm » est à l’avantage du second. Dans les deux cas, le traitement était relayé par une application au stade « 2 nœuds ». Il valait donc mieux attendre le stade « épi 1 cm » pour commencer la protection vis-à-vis de cette épidémie.

Un risque aujourd’hui élevé

Au final, il est bien sûr difficile de prédire l’avenir. Toutefois, sur la base de ces éléments de réflexion, le risque de développement de la maladie en 2015 est aujourd’hui élevé. Seul le climat à la sortie de l’hiver et au début du printemps permettra de préciser quel sera le niveau de risque encouru pour 2015.

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