Les enjeux pour l’agriculteur : Patrick Daguinos, producteur de maïs grain sur 75 ha à Saint-Jean-de-Lier (Landes).
« Avant la récolte, avant le dernier apport d’azote à 7-8 feuilles, je fais le tour de mes parcelles pour évaluer les levées d’adventices et décider soit d’appliquer le même programme de désherbage soit d’en changer. Habituellement, je traite avec une solution globale contre graminées et dicotylédones au stade 2-3 feuilles de la culture, un rattrapage pouvant avoir lieu à 6 feuilles. En présence de liseron, j’effectue un dernier passage à 9-10 feuilles, en limite d’entrée dans le champ avec un pendillard.
Depuis deux ans, une nouvelle adventice, Oxalis, apparaît dans certaines de mes pièces. Elle reste cantonnée à de petites surfaces et je ne constate aucune baisse de productivité. Toutefois, je suis inquiet de la voir proliférer d’une année sur l’autre d’autant que les rangs de maïs envahis souffrent de sa présence dès le premier stress hydrique. Cette mauvaise herbe pompe énormément d’eau. Aucun de mes conseillers n’a su me dire comment la combattre. J’ai d’abord essayé de passer la bineuse, mais je n’ai réussi qu’à étendre le problème. J’ai pulvérisé une solution herbicide à la dose homologuée d’abord, au stade 5 feuilles, puis en forçant à 11 feuilles avec un pendillard. Ce dernier passage en est venu à bout, mais une nouvelle génération d’Oxalis a rapidement pris le relais. Le glyphosate n’a aucune efficacité non plus. »

à contrôler dans le maïs. (©Syngenta)
Les conseils de l’expert : Didier Bruxelle, chef produit "herbicides" chez Syngenta
« Les Oxalis regroupent plusieurs espèces, qui se caractérisent par des feuilles trifoliées en forme de cœur et des organes souterrains avec présence de bulbilles », explique Didier Bruxelle, qui reconnaît que « ce type d’adventice est plutôt mal contrôlé par les programmes herbicides habituellement mis en œuvre ».
Il cite d’autres exemples, nouvellement observés de façon significative dans le maïs : laiteron des champs, lychnis dioïque, menthes. « De façon plus spécifique, dans le Sud-Ouest, on rencontre également le Sicyos et la Datura stramoine. » Ces espèces possèdent des systèmes racinaires puissants dotés de rhizomes ou de bulbilles. « Mal maîtrisées, elles subsistent souvent en fin de campagne et provoquent l’insatisfaction des agriculteurs. »
La flore évolue
Le chef produit ajoute que, dans le Sud-Ouest, l’habitude veut que la lutte contre les graminées et les vivaces se fasse avec un passage en prélevée, suivi d’un autre en post-levée au stade 5-6 feuilles. « La logique conduit souvent à garder la même stratégie année après année, sur l’ensemble des parcelles, pour limiter le coût de désherbage. »
Néanmoins, ces pratiques trouvent leurs limites avec l’évolution de la flore adventice du maïs. Ainsi, en plus des intruses classiques (chénopodes, morelles, amarantes et graminées annuelles), Didier Bruxelle évoque « davantage de dicotylédones dites difficiles – renouées des oiseaux, renouées liseron, matricaires et mercuriales – ou émergentes comme celles citées précédemment. Les unes comme les autres requièrent une attention particulière. »
En cause, la disparition de certaines molécules herbicides et des semis ayant lieu plus tôt. « Une implantation précoce de la culture entraîne généralement une installation plus lente, laissant le champ libre aux adventices. » Les traitements doivent évoluer, soit au niveau du nombre de passages, soit dans le choix des substances actives.
Epuiser les organes souterrains
herbicides sélectifs pour le maïs,
mais avec le risque de sélectionner
aussi petit à petit les adventices »,
met en garde Didier Bruxelle,
chef produit herbicides chez Syngenta.
(©Syngenta)
« Dans la situation décrite, Syngenta conseille, pour ne pas oublier les graminées, un passage en prélevée avec un produit à action racinaire, tel que le Dual Gold Safeneur, suivi en post-levée, de deux interventions successives et rapprochées, pour un désherbage complet et efficace sur flore difficile. En post-levée, je préconise l’association Elumis-Casper. Elumis contient du nicosulfuron et de la mésotrione ; Casper, du prosulfuron et du dicamba. L’intérêt des deux sulfonylurées est manifeste pour combattre les dicotylédones comme l’Oxalis. La mésotrione, une tricétone à large spectre, permet de lutter contre la flore dicotylédone classique. Enfin, le dicamba, qui est une auxine, agit efficacement contre les vivaces. En utilisant Elumis et Casper, on met en œuvre quatre matières actives complémentaires et trois familles chimiques pour un désherbage complet et efficace. »
L’idéal consiste à appliquer cette stratégie à trois passages sur toutes les parcelles où l’Oxalis est devenu préjudiciable pour le maïs. « Dans le cas présent, notre expérience concernant la dynamique des levées des adventices et le bon positionnement des interventions montre que, pour de meilleurs résultats, au-delà du passage supplémentaire, il est nécessaire de raccourcir les délais entre les deux applications de post-levée. Des 15-20 jours habituellement pratiqués dans les programmes contre les vivaces, il s’agit de laisser 8-10 jours maximum. De cette façon, on bénéficie de l’effet cumulatif des traitements, dans le but d’épuiser les organes souterrains. »