Après des semaines de temps chaud et sec en Argentine, qui ont aidé les prix du soja à s'apprécier, « des pluies tombées au cours du week-end dernier ont causé une chute des prix cette semaine », a noté Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Les opérateurs estiment en effet que ces pluies, « qui se poursuivaient jeudi » devraient bénéficier aux cultures et à la récolte de graines de soja dans la région, a précisé Jason Britt, de Central State Commodities.
Selon le ministère de l'Agriculture américain (USDA), l'Argentine et le Brésil devraient produire respectivement des récoltes de 25,5 et 89,0 millions de tonnes, avec une année record pour le Brésil, certains analystes misant sur un volume de production encore plus important au Brésil dans les conditions actuelles.
Ces données climatiques ont rejeté au second plan les craintes d'une limitation de l'offre liées « à d'éventuelles mises en réserve de la récolte de soja argentine en pleine dévaluation du pesos argentin », la devise du pays qui a perdu quelque 11 % sur la seule journée de jeudi, a ajouté Jason Britt.
En outre, du côté de la demande, alors que de nombreux investisseurs se préparaient au basculement traditionnel - en cette saison de moisson en Amérique latine - de l'intérêt acheteur de la Chine, le plus grand importateur mondial de soja, des Etats-Unis vers le sud du continent, certains minimisaient pour l'instant son impact sur les prix. « Les annulations des commandes de soja américain ont été peu nombreuses pour l'instant, et cela risque de durer avant que le fruit des moissons ait atteint les ports brésiliens », a noté Dewey Strickler qui dit garder un souvenir « particulièrement vif des problèmes logistiques rencontrés par le Brésil l'an dernier » pour acheminer ses récoltes et les préparer à l'exportation.
Le maïs et le blé profitaient pour leur part de conditions hivernales polaires aux Etats-Unis. D'une part, « quand il fait si froid comme en ce moment dans le Midwest américain (centre), avec des températures atteignant les -16 degrés celsius, les volumes de réserves destinées à nourrir le bétail progressent et ont tendance à s'épuiser plus vite », a expliqué Jason Britt. D'autre part, « les courtiers craignent les conséquences de températures si basses sur le blé rouge d'hiver particulièrement, les couches de neige n'étant pas assez épaisses cette année pour l'isoler et le protéger du froid », a poursuivi l'analyste.
Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars a terminé jeudi à 4,2900 dollars contre 4,2625 dollars mercredi. Le boisseau de blé pour la même échéance a clôturé à 5,7000 dollars contre 5,6125 dollars la veille. Le boisseau de soja pour livraison en mars, le plus échangé, s'est établi à 12,7700 dollars contre 12,7950 dollars à la précédente clôture.
