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Ceci dit, les céréaliers croisent les doigts pour que la majoration des aides des 52 premiers hectares ne porte que sur 10 % de l’enveloppe totale du premier pilier de la Pac (et non de 20 % à l'horizon de 2019). Par ailleurs, certaines de ces annonces du ministre de l'Agriculture doivent être validées par la Commission de Bruxelles. Quant aux questions de fond (fiscalité, charges sociales, choc de simplification, Cice), elles ont été renvoyées aux Etats généraux qui se tiendront vendredi 21 février à Paris (à suivre sur Terre-net Média).
Création d'une Mae climatique
Face aux 550 agriculteurs agités et impatients de l’Agpb, de l’Agpm et de la Fop (réunis au sein d’Orama), Stéphane Le Foll a annoncé qu’il était favorable à la création d’une « Mae climatique » (Mae.C) avec « des contraintes adaptées » pour compenser la baisse des aides découplées dans les zones intermédiaires.
Gérard Tubéry, président de la Fop, la revendique à 100 €, soit un montant trois fois supérieur à l’aide rotationnelle de 32 €/ha. Cette Mae.C s’ajoutera à la mesure agro-environnementale envisagée pour se substituer à la Phae en zone de plaine.
En revanche, Philippe Pinta a donné rendez-vous au ministre de l’Agriculture au congrès de la Fnsea pour annoncer comment seront répartis les 145 millions d’euros réservés pour soutenir la production de légumineuses. En effet, les discussions sur la clé de répartition de ces crédits courent encore. Orama réclame la moitié des crédits pour inscrire la production de légumineuses dans une logique de filière.
Toujours à propos de protéines végétales, les céréaliers peuvent compter sur Stéphane Le Foll pour étendre l'accord interprofessionnell relatif au plan protéines d’ici la prochaine campagne, le 1er juillet 2014.
Mesure Azur et Dpa
Les deux annonces suivantes répondent aux revendications des céréaliers : l’homologation de la mesure Azur et l’élargissement de la Déduction pour aléas (Dpa).
La mesure Azur, « je vais l’intégrer comme un élément de réponse pour les zones excédentaires en azote pour lesquelles on doit faire des propositions afin de se conformer à la Directive nitrates », a déclaré Stéphane Le Foll. « Je ferai tout pour la rendre applicable », a ajouté le ministre, rappelant par ailleurs que ce dossier date de 2011, bien avant qu’il ne soit en poste rue de Varenne. Reposant sur un « bilan azote » des pratiques culturales des agriculteurs, cette mesure Azur évitera le recours à des dispositions d’épandage d’engrais trop restrictives pour produire des céréales en quantité.
Quant aux déductions pour aléas, le ministre de l’Agriculture a déclaré engager des discussions avec le ministère des Finances pour rendre plus aisé ce dispositif fiscal, annoncé en 2012 par François Hollande, au Space de Rennes. Mais surtout, pour mieux assurer leurs récoltes, les agriculteurs pourront compter sur un nouveau dispositif assurantiel élargi et plus sûr. Les compagnies d’assurances feront des propositions dans les prochains mois.
Des mesures à valider avec Bruxelles
Pour certaines revendications, c’est à Bruxelles que le ministre ira plaider la cause des céréaliers. Qu’il s’agisse de la reconnaissance de la pratique du mulching ou encore de la grille d’équivalences entre les différentes surfaces d’intérêt écologique susceptibles d’être retenues pour satisfaire les exigences en matière de verdissement. Sur ce point, mais aussi sur l’installation des jeunes agriculteurs et sur la définition de l’actif agricole, la Commission doit revoir sa copie, a expliqué Stéphane Le Foll par ailleurs soutenu par son collègue allemand. Sous leur forme actuelle, les actes délégués qui transcrivent les accords de juin 2013, sont inacceptables selon lui.
Au final, le plan de compétitivité réclamé en décembre dernier par Orama « pour rebondir et rester compétitifs » n’était pas au programme du déplacement du ministre de l’Agriculture ce 20 février. Les céréaliers souhaitent pourtant avoir les capacités de « produire plus et mieux » pour exporter davantage de céréales. C’est aussi un des quatre enjeux réaffirmés par Stéphane Le Foll pour l’Agriculture. Mais avec quels moyens ? Pour Orama, il est temps de passer aux actes.