Le seuil de 700 millions de tonnes (Mt) de blé produit dans le monde sera de nouveau franchi durant la prochaine campagne 2015/2016. Mais estimée à 705 Mt, la production mondiale de blé serait en repli de 2 % par rapport à 2014/2015, selon les prévisions du Cic reprises par FranceAgriMer dans sa dernière note de conjoncture.
Après une année 2014 de tous les records sur les cinq continents de la planète, aucun d’eux n’échapperait à une diminution de sa production durant la prochaine campagne. Attendue à 92 Mt, la récolte insuffisante de l’Inde pourrait même contraindre le pays à importer plusieurs millions de tonnes de blé pour satisfaire sa demande domestique.
Selon FranceAgriMer, les grandes zones de production (Uttar Pradesh, Haryana, Penjab, Madya Pradesh) ont été endommagées par des conditions météo inhabituelles pour la période (inondations, vent et grêle).
Outre les quantités de blé produites en moins, les transformateurs pâtissent aussi de la mauvaise qualité des grains récoltés qui affecte jusqu’à 30 % des volumes récoltés, selon l’analyste « Agriwatch ».
En Chine, la production est aussi attendue à la baisse. La sécheresse a eu un impact négatif sur le développement des cultures dans une partie des grandes plaines du Nord. « La surface serait inchangée par rapport à l’an dernier mais les rendements semblent moins bons que prévu. La production est prévue à 118 Mt, en baisse de 6 % par rapport à 2014/15 ».
Retour de la Russie sur les marchés mondiaux
En mer Noire, la récolte se présente bien si aucun coup de chaleur ne perturbe la maturation des épis. Surtout, le gouvernement russe pourrait lever dans les prochaines semaines la taxe à l’exportation imposée le 1er février dernier en réaction à la chute du rouble et à la flambée des prix du blé sur le marché intérieur. Ce qui annonce, en d’autres termes, le retour de la Russie sur les marchés mondiaux l’été prochain.
En Ukraine aussi, la récolte de blé pourrait être abondante car les agriculteurs ont réduit leur surface de maïs trop cher à implanter. La chute de la hryvnia a renchéri le coût des intrants et rendu les prix des semences importées trop onéreux.
Mais la Roumanie devrait « récolter 6,8 Mt de blé cette année (d’après le Cic), un volume en baisse de 10 % par rapport à cette campagne mais légèrement au-dessus de la moyenne quinquennale (6,5 Mt).
Cette baisse s’inscrit dans le repli observé dans la quasi-majorité des pays de l’Union même. Avec cette année des rendements plus proches de la normale, la récolte serait de l’ordre de 142 Mt en blé tendre, en recul de 4 % par rapport à 2014/15, selon FranceAgriMer.
Grosses baisses chez nos voisins européens
L’Allemagne annonce 25,7 Mt contre 27,7 Mt en 2014/15, soit une baisse de 7 % (source groupe Adm). En Angleterre, « le Cicar prévoit une production de blé en 2015/16 de 15 Mt, en chute de 10 % par rapport à la précédente campagne mais supérieure à la moyenne quinquennale (14,4 Mt) », souligne FranceAgriMer en s’appuyant sur les informations livrées par l’entreprise prévisionniste Adas. Et la Pologne ne produirait plus que 11,5 Mt (- 9 % par rapport à 2014/2015).
Ces prévisions influeront sur les capacités d’exportation de ces pays, aussi bien au niveau européen qu’avec les pays tiers.
En revanche, la France, l’Italie et l’Espagne s’attendent à produire plus de blé que l’an passé.
Il est vrai que la surface de blé a encore augmenté dans l’ensemble des régions françaises cette année aux dépens de celles du maïs et de l’orge. Avec 5,2 millions d’hectares ensemencés, « il faut remonter à la campagne 1936/37 pour enregistrer un niveau supérieur ».
