Depuis quatre ans, les quantités de tourteaux de soja débarquant des ports de Montoir, Brest ou Gand ne cessent de progresser. Selon Oil World, la consommation européenne des 28 pays de l’UE devrait avoisiner les 32,7 Mt pour la campagne 2015-2016, soit 11,6 % de plus qu’en 2012-2013.
Depuis septembre 2012, le cours du tourteau de soja débarqué à Montoir est globalement sur une pente descendante. « D’autant que les stocks de soja aux Etats-Unis sont très importants », explique Ben Samyn, trader chez Van den Avenne Commodities, société belge de commerce de matières premières végétales.
« Pour les tourteaux, le colza européen est une origine relativement chère, explique le spécialiste. Le soja est tellement bon marché en ce moment que le colza européen et français n’arrive pas à suivre. »
Pour les fabricants d’aliments, avantage donc au tourteau de soja. Ce dernier vient surtout des Etats-Unis. Là-bas, l’activité de trituration bat son plein, augmentant ainsi les disponibilités. Cela pèse évidemment sur les prix. Parmi les origines des importations européennes de tourteaux, le Paraguay est en plein boom. « Plusieurs usines de trituration se sont construites ces dernières années », explique Ben Samyn.
La Chine, aspirateur de tourteaux brésiliens
Premier fournisseur mondial de graines de soja, le Brésil n’est plus une origine en pleine expansion pour le marché européen et français de l’alimentation animale. « Le réal brésilien a fortement baissé face au dollar, justifie l’expert. L’effet monétaire est très important. » Par ailleurs, le Brésil a effectivement augmenté sa production de soja, « mais les hausses de production sont systématiquement absorbées par la forte demande chinoise ». La Chine constitue ainsi un véritable aspirateur à graines de soja brésilien. « Ce n’est donc pas parce que le Brésil augmente sa production qu'il y a davantage de disponibilités pour les fabricants d’aliments européens. »
Dans les années qui viennent, il faudra sans doute surveiller attentivement la politique exportatrice de l’Argentine, qui vient d’élire à sa présidence le libéral Mauricio Macri. « Le nouveau président argentin veut baisser les taxes à l’export pour le soja et le maïs ».
A plus court terme, la compétitivité du soja, en graines ou tourteaux, va contribuer à maintenir une tendance baissière des prix, au détriment du colza. « Le soja va challenger le colza chez les triturateurs européens pendant toute la saison 2015-2016 », explique Ben Samyn. L’évolution de la parité monétaire, avec une possible hausse du dollar, pourrait jouer aussi dans ce sens.
Le principal facteur haussier est à regarder du côté du Weather market des prochains mois. « Pour l'an prochain, les semis ont pris du retard en Amérique du Sud. » L’effet El Niño, le plus fort de ces vingt dernières années, va engendrer un temps trop pluvieux au sud, mais très sec dans le Mato Grosso, importante région productrice du Brésil. « Sans oublier la Niña attendue aux Etats-Unis, qui apportera du temps très sec et chaud l’été prochain ».
