« Jamais une année n’a été aussi catastrophique que 2015. Tous les signaux sont au rouge !
Pour que les producteurs puissent couvrir leurs coûts de production, il manque au moins 20 centimes par litre de lait, 35 centimes par kilo de viande bovine, mais aussi 15 € par tonne de blé.
Continuer de dire que les productions végétales se portent bien est une caricature émoussée. Une hausse des prix agricoles de 10 % serait pourtant indolore pour les consommateurs : le panier de la ménagère n’augmenterait que de 0,8 %. Nous avons toujours en ligne de mire la coopération agricole. Non pas que ce ne soit pas un bon système, au contraire. Mais nos grandes coopératives, comme Sodiaal, sont gérées par des financiers. Pourquoi investissent-elle tant à l’étranger, en particulier en Europe de l’Est ? Parce qu’elles ne peuvent plus faire grand-chose chez nous. Les outils coopératifs ne nous appartiennent plus. Nous souhaitons rencontrer Damien Lacombe, le président de Sodiaal, pour en discuter.
Vis-à-vis du plan de soutien aux filières d’élevage, les banques ne veulent pas d’année blanche. Elles préfèrent des restructurations d’emprunts très pénalisantes pour les agriculteurs.
Ni la fiscalité, ni notre système social, ne nous permettent de constituer des réserves financières pour les périodes de coups durs. Dès que la crise sera terminée, les charges sociales grimperont à nouveau. Sur le plan européen, nous réclamons toujours avec l’European Milk Board la démission de Phil Hogan, le commissaire à l’agriculture. Dans une interview qu’il a donnée cet automne, il a minimisé la situation que nous traversons, refusant de croire que nous vendons nos produits en dessous de nos coûts de production. Une aberration complète. Phil Hogan devrait avoir été démis de ses fonctions depuis longtemps. Par ailleurs, la Commission doit demander que les productions agricoles sortent de l’OMC. »