Une vraie politique agricole à long terme, pour les 20 à 30 ans qui viennent, c’est pour quand ? Les seules mesures proposées face à la crise agricole actuelle ne sont que des aides ponctuelles de court terme. Mieux que rien ? Pour les plus démunis sans doute. Mais sur le fond, pas de changement et la situation s’enlise. Bien sûr, certains s’adapteront. Bien sûr, il y aura encore des agriculteurs et des jeunes motivés par ce beau métier, toujours à la recherche de stratégies pour demain, de solutions pour baisser les charges, sécuriser les produits, améliorer les techniques… Certes. Mais combien resteront au bord du chemin ? Combien de suicides faudra-t-il encore avant qu’on ne se réveille tous, monde agricole et société française, décideurs politiques en tête ?
Réagissons ! Comme le font les exploitants qui expriment leur colère et leur désarroi. Soutenons-les. Bougeons-nous ! Les acteurs du para-agricole, notamment la transformation et la distribution, ont aussi des efforts à faire, de productivité et de partage de valeur avec les producteurs. À l’autre bout de la chaîne, plusieurs sondages confirment que les consommateurs sont d’accord pour payer plus cher leur alimentation si cela bénéficie aux agriculteurs. Des prix équitables ! Les paysans veulent vivre de leurs produits, pas des aides.
Libéralisme et extrémisme faussement écologique
Secouons les politiques. À tous les niveaux : représentants agricoles et élus de la République, locaux, régionaux, nationaux et européens.
Tout se passe comme si une partie des responsables politiques, trop déconnectés du terrain, étaient persuadés que ça ne va pas si mal. Se disent-ils, qu’après tout, les terres sont cultivées, les denrées alimentaires ne manquent pas et que tout ira mieux pour les agriculteurs après leur grogne passagère ?
Comme si une autre partie, dans des salons parisiens ou les arcanes européennes, au nom du libéralisme pour les uns ou de l’extrémisme faussement écologique pour d’autres, ne se rendait pas compte que la production agricole et l’alimentation sont des enjeux stratégiques. Sécurité sanitaire et autosuffisance alimentaire sont cruciales. L’Europe serait-elle la seule au monde à ne pas s’en apercevoir ? Trop libérale, elle sacrifie son secteur agricole comme monnaie d’échange dans les négociations internationales. Pendant que les pays émergents et les Etats-Unis affirment, voire confortent, les soutiens publics à leur agriculture.
Attendre la Pac 2020 sera trop long. La France et l’Europe doivent donner maintenant des orientations simples et claires, avec des objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Sans oublier l’indispensable régulation des marchés. Tout cela est à construire. Ça urge : politiques, bougez-vous le… cerveau !
(1) Le cerveau évidemment ! Qu’alliez-vous penser ?