A quoi Stéphane Le Foll fait-il allusion ? Aux interminables débats parlementaires nocturnes à l’approche du vote des lois les plus importantes ? Ou aux discussions à bâtons rompus qui s’enchaînent par les militants du mouvement « Nuit debout » place de la République à Paris ? Quoi qu'il en soit, c’est en expliquant que « la nuit est propice au débat » que le ministère de l’agriculture justifie l’organisation d’une « nuit de l’agro-écologie », le 23 juin 2016, deux jours après la traditionnelle fête de la musique.
« Partout en France, la « nuit de l’agro-écologie » est l’occasion pour les agriculteurs d’expliquer le sens de leur engagement et pour les citoyens de venir à la rencontre de ceux qui font l’agro-écologie au quotidien, de découvrir leurs pratiques et d’en débattre. »
« Quels modes de production voulons-nous encourager en tant que citoyens ? L’agriculture, qui occupe près des deux tiers du territoire national, a une responsabilité majeure économique, sociétale et environnementale. »
Par cet événement, Stéphane Le Foll veut porter l’agroécologie au plan national grâce à la « voix collective, et non institutionnelle, des acteurs de terrain ». Face à la nécessité de la viabilité économique des exploitations agricoles, le ministre de l’agriculture veut casser les divisions de fond entre producteurs et leurs détracteurs sur l’impact de l’activité agricole en matière d’environnement et de santé.
Appel à volontaires pour l’organisation de soirées-débat
D’ici la date de l’événement, tous les organisateurs volontaires - agriculteurs, réseaux professionnels agricoles, associations de défense de l’agriculture, de l’environnement, de l’alimentation durable, etc – sont invités à déposer leur projet d’événement sur le site dédié : www.nuitagroecologie.fr
Les événements pourront se dérouler à peu près n’importe où : « dans les cafés, restaurants, bars, les maisons d’associations, les exploitations agricoles, les lycées agricoles, les salles des fêtes, les amphis étudiants… ». L’appel à projet est ouvert à tous les champs de l’agro-écologie : réduction des intrants, alternatives aux pesticides, méthanisation, agriculture biologique, apiculture, agroforesterie, santé animale, emploi et formation des acteurs agricoles, biodiversité, climat, sélection des semences et plants adaptés, microbiologie des sols, biocontrôle… Seules exigences : les événements devront laisser la parole à au moins un agriculteur ou agricultrice engagé dans l’agro-écologie, et laisser un temps d’échange et de débat entre participants.
A l’heure où les pratiques dites conventionnelles, mais pourtant « agro-écologiques » au sens ministériel, sont de plus en plus attaquées par certaines associations, nul doute que des ONG environnementales saisiront l’occasion pour critiquer les efforts du plus grand nombre vers l’amélioration des pratiques. Reste à savoir si les principales organisations professionnelles agricoles en profiteront, elles aussi, pour défendre l’évolution positive des pratiques.
