Maximilien Rouer, cofondateur de La Note Globale, lors des Assises de l’agriculture, jeudi 2 décembre à Nantes. (©Terre-net Média)
Les Assises de l’agriculture, de l’alimentation et de la santé, organisées par Ouest-France les 2 et 3 décembre 2021 à Nantes, et dont Terre-net est partenaire, ont mis en exergue les nombreux freins rencontrés par les agriculteurs pour opérer la transition alimentaire à la hauteur des attentes sociétales.
En témoigne le retour d’expérience de Maximilien Rouer, le cofondateur de l’association La Note Globale – anciennement appelée La Ferme France. « Il s’agit de donner au consommateur un repère de la performance globale des produits alimentaires » a-t-il rappelé. Pas seulement sur des questions nutritionnelles comme le fait le Nutri-score ou de composition des produits, comme le propose l’application Yuka, mais pour l’ensemble des enjeux de provenance des ingrédients, leur qualité nutritionnelle, sanitaire et environnementale.
Table ronde, Notation alimentaire, étiquetage : une information suffisamment fiable pour le consommateur ?
— Assises de l'Agriculture, Alimentation et Santé (@AssisesAgriAgro) December 2, 2021
?? Moments forts de l'intervention de @M_Rouer, cofondateur de l’asso @LaNoteGlobale
"Si vous avez 300 fournisseurs, il est impossible de rendre le produit transparent" pic.twitter.com/Z8aQ1YxowS
Une initiative qui ne peut se développer sans l’adhésion des entreprises agroalimentaires et qui se heurte à un mur érigé par la grande majorité d’entre elles. « Depuis le lancement de l’initiative, j’ai démarché 600 entreprises, poursuit-il. Et pourtant, il n’y a pas 600 adhérents à la démarche. Seulement 40. » et le représentant de La Note Globale de raconter. « Certains m’ont dit : "La transparence ? De mon vivant, jamais !" ou encore "Moi, mon objectif, c’est d’acheter le moins cher possible" et même "Vivons heureux, vivons cachés" ».
« Une majorité d’entreprises attend de se faire tordre le bras par l’État pour être transparentes ». Maximilien Rouer insiste sur « l’énorme résistance » du secteur agroalimentaire « car l’organisation industrielle s’est faite avec une multitude de fournisseurs et parce que le pouvoir de fixer le prix est donné aux distributeurs.
Mais « c’est en train de changer tout doucement », concède-t-il. « Comment être transparent quand vous avez 300 fournisseurs différents pour la production de cordons bleus ? » questionne Olivier Chaillou, président du groupe coopératif Terrena. « Ces dernières années, nous sommes passés de 300 à seulement 10 fournisseurs, pour justement améliorer la transparence des produits. »
TABLE RONDE : Quelle stratégie pour nos territoires ?
— Assises de l'Agriculture, Alimentation et Santé (@AssisesAgriAgro) December 3, 2021
?? Moments forts de l'intervention d' @OlivierMEVEL, consultant en stratégie des entreprises agroalimentaires.
?? "Les industries agroalimentaires s'échappent en cherchant de l'import à bas coût" pic.twitter.com/GotuLgvwXx
La pression des distributeurs est aussi pointée du doigt pour expliquer cette résistance au changement. « Tant que le pouvoir de fixer les prix reste donné à l’aval de la chaîne alimentaire, ce sera toujours difficile », regrette Maximilien Rouer.
Ce manque de transparence et les difficultés à faire changer les pratiques en la matière, jouent en faveur d’un rapprochement entre les agriculteurs et les consommateurs finaux. « La confiance des Français envers les agriculteurs s’est renforcée entre le début de la pandémie de Covid19 et aujourd’hui », indique Jérôme Fourquet, de l’Ifop. En novembre 2021, 79 % des Français font confiance aux agriculteurs, soit 5 points de plus qu’en février 2020.
Ceci dit, même le label bio suscite parfois une certaine défiance chez certains consommateurs, qui, à l’inverse, portent davantage d’intérêt pour les marques agricoles. « Les marques locales ont le vent en poupe », confirme Olivier Mével, consultant en stratégie auprès d’entreprises agroalimentaires. De même que la valorisation des produits en circuits courts.
?? « Le consommateur est rassuré par des produits estampillés sur des territoires bien identifiés, comme l'Anjou ou l'Aubrac », constate @OlivierMEVEL, consultant en stratégie des entreprises agroalimentaires. pic.twitter.com/qs1Q9af3T9
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