« L’an dernier, j’ai eu droit à un contrôle inopiné au regard de la directive nitrates. Avec les nouvelles normes d’émissions d’azote par vache laitière, les contrôleurs ont calculé un dépassement de trois unités alors que je pensais être à 170 kg/ha. Même pour ce faible écart, la sanction est lourde puisque mes aides ont été réduites de 5 %.
Comme pour de nombreuses petites structures laitières du pays de Fougères, l’équation de l’équilibre de la fertilisation est assez difficile à gérer sur mon exploitation. Suite au contrôle, il a fallu établir un nouveau plan d’épandage qui, au passage, m’a coûté 1.500 €. J’ai été contraint de trouver cinq hectares supplémentaires de surface épandable.
La sortie d’hiver s’annonce par ailleurs compliquée. Les fosses et les fumières sont pleines et avec la pluie qui est tombée ces dernières semaines, il est impossible d’aller épandre dans les champs.
En dehors de la ferme, ma fonction de président de France Milkboard Grand Ouest m’occupe beaucoup. La filière n’est pas encore prête à sortir des quotas. Il y a surtout urgence à reconfigurer les contrats laitiers, en redéfinissant les responsabilités de chacun, entre le producteur, son OP (organisation de producteurs) et l’industriel. Les éleveurs doivent rester maîtres de leur volume contractuel, les OP ayant pour mission de gérer le fonctionnement à l’échelle des bassins de production. A qui appartient le volume que je produis ? Puis-je le transmettre ? Il reste encore trop de questions sans réponses claires. »