La Pac permet-elle de réduire les émissions de gaz à effet de serre ?

La Politique agricole commune en vigueur a modifié le bilan carbone agricole. (©Terre-net Média)
La Politique agricole commune en vigueur a modifié le bilan carbone agricole. (©Terre-net Média)

L’agriculture se distingue des autres activités économiques en étant à la fois émettrice de gaz à effet de serre dans l’air et capable de stocker du carbone dans le sol et dans les plantes, sous forme organique.

Entre 2004 et 2013, la Politique agricole commune en vigueur a modifié le bilan carbone agricole. Vingt mesures ont été créées ou modifiées. Une étude publiée par la revue "Etude Climat" d’avril 2015 intitulée "La précédente Pac a réduit les émissions agricoles françaises" a révélé que le redéploiement de ces soutiens publics a diminué la production de gaz à effet de serre (Ges) de 2,1 millions de tonnes équivalent de CO2 (Mt Co2e). Ces résultats sont particulièrement intéressants en cette période de négociations internationales sur la contribution de l’agriculture à la réduction des Ges, conduites dans le cadre de la préparation de la conférence climatique Cop 21 qui se déroulera en décembre prochain à Paris.

Parmi les 20 mesures retenues, trois d’entre elles ont permis, à elles-seules, de diminuer la production de Ges de près de 1,2 Mt Co2e, soit 60 % des 2,1 Mt Co2 émises en moins. Il s’agit des aides couplées aux légumineuses, des soutiens spécifiques au plan végétal pour l’environnement (Pve) et de la Phae.

Autrement dit, la grande majorité des mesures en vigueur n’a pas favorisé la réduction des émissions de gaz. Ce constat n’est pas une surprise en soi puisque l’instauration de la plupart d’entre elles visait d’abord à atteindre des objectifs sociaux-économiques jugés prioritaires, comme par exemple le maintien de l’activité agricole, la baisse des charges en intrants ou encore la préservation de la biodiversité.

Les aides les plus onéreuses ne sont pas les plus efficaces

Toutefois, il est tentant de classer ces 20 mesures en fonction du coût de la tonne émise en moins depuis leur mise en œuvre ou leur modification en 2003. Et il ressort de ce calcul que les aides les plus onéreuses ne sont pas systématiquement les plus efficaces.

Par exemple, les aides couplées destinées à favoriser l’implantation de légumineuses et le Pve ont réduit les émissions de gaz à effet de serre chacun de 200.000 tonnes équivalent Co2e. Mais la première mesure n'a coûté que 39 millions d’euros contre 242 millions pour la seconde.

En revanche, le bilan de la Phae est mitigé. Certes, ce dispositif a aussi coûté en 2011, 231 millions d’euros, mais il a profité à un grand nombre d’exploitants en système herbager alors que le nombre de bénéficiaires du Pve est très faible.

En fait, la Phae, comme l’Ichn, revêtent une dimension sociale très importante puisque ces mesures ont été instaurées pour maintenir une activité agricole dans les zones défavorisées. Aussi, le coût budgétaire de ces mesures doit être rapporté à la nature des objectifs financés.

Les aides les plus écologiques ne sont pas les plus efficaces

Au final, la revue "Etude Climat" révèle des résultats surprenants. Car les aides affichées « les plus écologiques » ne sont pas, au final, les plus efficaces.

Par exemple, le bilan de la politique de développement rural en faveur de l’agriculture biologique est discutable. En effet, la diminution des émissions de CO2 et autres gaz est d’abord liée à la baisse des rendements et des productions par hectare, aussi bien en céréales (diminution de 43 % des rendements des céréales) que pour la production animale. Le régime alimentaire des ruminants favorise les émissions de CH4 mais les techniques culturales séquestrent davantage de carbone dans le sol qu’en agriculture conventionnelle.

Paradoxalement, l’efficacité des bandes tampons est, ramenée à la surface occupée, beaucoup plus importante. En tonne équivalent de CO2, les réductions sont deux fois moins importantes que celles réalisées sur les parcelles en agriculture biologique. Et elles ont un très faible impact en matière de rendement car les surfaces mobilisées ne sont pas les plus productives et leur mise en cultures est parfois plus onéreuse que les parcelles cultivées adjacentes.

L’étude révèle aussi que les aides découplées ne favorisent pas particulièrement la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En zones défavorisées, l’aide à l’élevage de montagne et l’Ichn maintiennent d’abord une activité agricole sur des surfaces qui auraient pu, sinon, être boisées et par conséquent séquestrer davantage de carbone.

Par ailleurs, l’analyse des émissions de Co2e par filière animale montre par exemple qu’en production ovine, les baisses des émissions s’expliquent d’abord par la baisse des effectifs d’ovins. La Pac décourage certains producteurs à poursuivre leur activité peu rentable. En revanche, la production bovine a globalement résisté au découplage.

 

 

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