Dans le sillage du "Comptoir paysan" installé au cœur de la fête depuis deux ans, plus d'une centaine d'agriculteurs servent chaque jour des milliers de repas à base de produits locaux. Une démarche peu commune qu'organisateurs et producteurs souhaitent exporter. « Nous sommes les premiers surpris par l'ampleur du phénomène », assure Ttele Leizagoien, agricultrice et présidente de l'association Idoki qui regroupe 110 producteurs basques estampillés « développement durable ».
En 2013, répondant à un appel d'offres lancé par la municipalité, ce label installe un premier "Comptoir paysan", espace de restauration où seuls les produits locaux, dont certains sont bio, sont cuisinés, sur le quai Chaho-Pelletier, aux portes du quartier populaire du Petit Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). « Près de trois cents bénévoles sont mobilisés pour servir des milliers de burgers paysans, talos (galettes à base de maïs), pâtes bio, etc. », précise Ttele Leizagoien.
Cette année, l'association a également pris en main l'organisation d'un grand pique-nique familial à l'occasion de la traditionnelle "Journée des enfants" du jeudi des Fêtes. « Une belle occasion de conscientiser les nouvelles générations », se félicite Ttele Leizagoien. Un symbole, aussi, quinze après les premiers pique-niques servis aux Fêtes par l'enseigne de restauration rapide Quick. « Les burgers étaient à la mode à cette époque mais il y a depuis eu une prise de conscience sur l'importance de sensibiliser au développement durable et de valoriser les circuits courts », justifie Henri Lauqué, président de la commission extra-municipale des Fêtes. Jeudi midi, dans le parc de La Poterne, au pied des remparts construits au XVIIe siècle par Vauban et qui entourent le centre-ville de Bayonne, les 3.000 rations préparées par Idoki ont rapidement trouvé preneurs.
"L'importance de bien manger"
Découvrant l'initiative, Anne et Cyril Prevot, 35 et 37 ans, ne cachent pas leur satisfaction : « Nous faisons attention à la qualité de la nourriture toute l'année, c'est très important pendant les Fêtes de montrer aux enfants l'importance de bien manger ». Le couple se félicite également que l'initiative « bouscule la restauration traditionnelle dont les prix ne sont pas en rapport avec la qualité ».
Venue de Paris, Lauriane Bordenave, 33 ans, se dit elle aussi « séduite » par le pique-nique : « Je suis venue avec quatre enfants ; tout est bon, équilibré et c'est en plus hyper abordable au niveau des prix ». « Tous ces retours sont gratifiants, reprend Ttele Leizagoien, nous sommes en train de démontrer que bien manger et valoriser l'agriculture locale est compatible avec un grand événement comme les Fêtes de Bayonne ».
Pendant cinq jours et cinq nuits, Bayonne, mêlant tradition, musique, danse, chants, gastronomie, sports, corridas et force libations, terre aux cultures métissées, à la fois basque et gasconne, avec une communauté juive présente depuis la fin du XVe siècle à qui l'on doit l'introduction en France du chocolat, met ainsi en avant sa recette traditionnelle de partage et de liberté qui attire les foules comme un aimant pour des fêtes intergénérationnelles.
