Débats passionnés sur les cantines

Après six heures de débats entamés vendredi soir, les députés ont adopté, à main levée, l'article 11 répondant à « un engagement présidentiel ambitieux », selon le ministre de l'agriculture Stéphane Travert. Il prévoit pour la restauration collective au moins 50 % de produits bio ou intégrant la préservation environnementale. « Le bio ne représente aujourd'hui que 6 % de notre surface agricole utile. Notre objectif c'est de passer à 15 % à l'horizon de 2022 », a plaidé le ministre. Objectif trop ambitieux pour la droite, qui a proposé de le repousser à 2025, ou pointé par la voix de son chef de file Christian Jacob le risque de  « de déstabiliser nos filières bio par des produits d'importation » et « de renchérir le coût du repas en collectivité ». Selon le ministre, les mesures anti-gaspillage alimentaire permettront « un balayage » du surcoût, estimé à 68 centimes.

Le texte prévoit la prise en compte des « coûts imputés aux externalités environnementales (transport, etc) liées au produit pendant son cycle de vie ». C'est « le seul critère compatible avec le droit européen » pour favoriser la proximité des produits et éviter qu'une collectivité ne préfère le boeuf argentin au boeuf limousin, a expliqué le rapporteur LREM Jean-Baptiste Moreau. « La notion de circuit court, d'origine locale ou régionale, n'existe pas en droit européen pour les marchés publics », a-t-il argumenté. M. Jacob a jugé « extrêmement dangereux d'adopter une approche strictement environnementale » et plaidé pour une prise en compte également économique et sociale. Le projet de loi prévoit aussi que les personnes publiques concernées devront développer l'acquisition de produits issus du commerce équitable.

« MANGER DE L'HERBE »

La proposition d'introduire une part de menus végétariens dans les cantines, portée par des LREM, MoDem, LFI ou UAI, a alimenté d'autres échanges passionnés, ses partisans invoquant un « mouvement de société très fort ». Mais le rapporteur Jean-Baptiste Moreau (LREM) a jugé cette contrainte « non opportune ». Cet éleveur a souligné que le texte prévoyait un plan de diversification de protéines incluant des alternatives à base de protéines végétales, arguant aussi que la consommation de viande était « une nécessité pour la croissance ». Le ministre, qui a aussi mis en avant une alimentation « diversifiée », a notamment jugé que cela ne relevait pas de la loi.

Dénonçant des amendement « inspirés d'une idéologie qui relève du diktat », Vincent Descoeur (LR) s'est insurgé qu'on « rabaisse la viande au niveau de produit dangereux ». « Je ne comprends pas qu'on cherche à imposer un style de vie à l'ensemble de nos concitoyens ! », a lancé Grégory Besson-Moreau (LREM).

« Ce que j'entends sur ces bancs me révolte » a rétorqué Barbara Pompili (LREM), présidente de la Commission du développement durable. L'ex-secrétaire d'État issue des rangs écologistes a jugé « honteux » de dire qu'il faut de la viande pour manger équilibré, qu'« on doit pouvoir avoir le choix » et regretté que beaucoup pensent encore qu'un menu végétarien est « un menu où on mange de l'herbe ». Rapporteur et ministre ont assuré « respecter totalement les végétariens », réfutant avoir dit qu'un repas végétarien n'était pas équilibré. Chef de file MoDem, Marc Fesneau a argué que, dans sa commune, il n'avait pas eu « besoin de la loi pour mettre du quinoa », le président LREM de la commission des Affaires économiques Roland Lescure affirmant qu'au Canada, où « il y a des menus végétariens partout », ce n'est « pas dans la loi ».

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