« Nous sommes convaincus que l’agriculture régénératrice représente une réponse concrète et ambitieuse aux enjeux environnementaux, économiques et sociétaux auxquels le monde agricole est confronté », a déclaré Antoine de Zutter, directeur général de Soufflet Agriculture France.
Avec le lancement du programme Performances, le négoce souhaite accompagner les agriculteurs en France et dans ses 8 filiales européennes pour une « transformation profonde et pérenne de leur système de culture », à travers des diagnostics d’exploitation permettant de mesurer le niveau d’avancement et proposer des leviers d’amélioration, des formations aux pratiques d’agriculture régénératrice, des références agronomiques adaptées à la situation de chaque exploitation, des intrants et des services agronomiques spécifiques.
Valoriser plusieurs cultures
Ce programme vient, dans le même temps, « répondre aux demandes de l’aval, des industriels de l’agroalimentaire, pour réduire leur bilan carbone Scope 3, », indique Philippe Vincent, directeur filières de Soufflet Agriculture. Avec des leviers tels que la réduction du travail du sol, la maximisation de la couverture végétale vivante ou encore l’augmentation de la diversité cultivée, l’agriculture régénératrice constitue un moyen de réduire leur empreinte carbone ».
Le négociant vise plus de 2 000 agriculteurs engagés en France et en Europe de l’Est d'ici 2030, 150 producteurs l’étaient déjà en 2025. Une dizaine de clients dans l’agroalimentaire ont également fait part de leur intérêt pour cette démarche et 70 000 t de production (blé, orge de brasserie, maïs, colza et tournesol) ont pu être commercialisées sur ce créneau dès 2025. « L’agriculture régénératrice représentant une conversion pour l’ensemble d’une exploitation agricole, notre objectif est donc de valoriser ces pratiques sur plusieurs cultures », précise Philippe Vincent.
Le montant des valorisations pour cette filière n’a pas été précisé. « Cela fait l’objet de négociations commerciales, mais on peut dire aujourd’hui que les primes sont progressives, en fonction du niveau de transition des exploitations, et appliquées en €/t, sur les productions. »
« Les émissions carbone figurent parmi les indicateurs de mesures utilisés, avec un bilan carbone complet et des marqueurs de biodiversité notamment. Notre volonté avec le programme Performances est d’être relativement ouverts, pour pouvoir répondre aux différentes demandes des industriels. Certains indicateurs sont communs aux clients et on pourra apporter des éléments complémentaires si nécessaires », ajoute le responsable.
Pour Fabrice Lugnier, agriculteur sur la Ferme de la Bergerie, « la mise en place de ce schéma de filière est indispensable pour sécuriser les revenus, la transition vers l’agriculture régénératrice demande un investissement économique important ». Le producteur et son cousin associé ont passé le pas en 2012 : « nous étions arrivés au bout d’un système, avec des problèmes de désherbage récurrents. »
« Ne pas rester seul dans cette étape de transition »
« Sols déséquilibrés, perte de potentiel, situation de vulpins résistants... » : c’est ce constat qui a aussi poussé Thierry Voirin, agriculteur en Haute-Marne, à s’intéresser à l’agriculture régénératrice. Il fait également partie des premiers groupes d'agriculteurs suivis par Soufflet. Pour lui, « cet accompagnement technique permet d’avancer de manière méthodique, avec une prise de recul et une remise en cause des pratiques. On a ouvert aujourd’hui un nouveau chapitre de notre exploitation ! »
« Repenser la rotation, maîtriser les techniques d'implantation des couverts, etc. C'est essentiel de ne pas rester tout seul dans cette étape de transition, travailler en groupe est une force considérable », ajoute François Piot, installé dans la Marne.
Le service agronomie conseils de Soufflet Agriculture s'est d'ailleurs donné comme mission de « traquer l’innovation, tester les pratiques, les valider et les vulgariser », explique sa directrice, Pauline Hallier. Semis direct, couverts végétaux, fertilisation, analyses microbiologiques, biostimulants, biodiversité... : toutes ces thématiques sont travaillées sur les plateformes régionales du négoce. Des essais pluriannuels sont également menés sur des fermes partenaires, en France et en Europe, afin de comparer à plus long terme les pratiques conventionnelles et de régénération.