La Marseillaise ne résonne pas encore dans les travées d’Agritechnica mais les Français y prennent, édition après édition, leurs marques. Le salon a mis à l’honneur l’Hexagone ce mercredi, à l’occasion de l’International Farmers Day, en compagnie du Canada et de la Tchéquie. Mais beaucoup de Français n’ont pas attendu cette journée spéciale pour arpenter les allées…
Passion de la machine, business, week-end en famille ou fête entre copains : si leurs motivations sont variées, l’arrêt du Sima revient dans plusieurs témoignages. « S’il avait toujours lieu, on ne serait pas forcément là, même s’il n’y a pas photo entre les deux salons », reconnaissent Jérôme Prudhomme, à la tête d’une ETA en Mayenne, et son ami Fabrice Boismal, en charge de l’activité récolte dans une concession New Holland.
C’est la deuxième fois qu’ils viennent à Agritechnica. « Les nouveautés sont là, pas ailleurs. Agritechnica, c’est le juge de paix dans le machinisme. On voit du matériel incroyable, comme le Nexat. Il y a aussi beaucoup d’innovations, avec des technologies qu’on ne trouve pas chez nous, notamment pour les tonnes à lisier », jugent les deux copains.
C’est aussi « l’amour du beau matériel » et « l’arrêt du Sima » qui ont conduit Joël Gobron, agriculteur dans la Marne, et son fils Charles à Hanovre. « C’est bien de se mettre à jour », raconte le papa, devant le stand du constructeur asiatique Zoomlion : « La Chine, il va falloir commencer à s’y intéresser. On a vu dans l’automobile qu’ils ont la capacité de frapper vite et fort ».
Au milieu de tout ce matériel rutilant, le jeune homme, les bras pleins de goodies de constructeurs, s’emballe, parle de trouver la bonne affaire, pourquoi pas chez ses marques favorites Fendt et JCB… « C’est la passion qui parle. Il fait de la mécanique en école d’agriculture. Mais bon, ce n’est pas lui qui a les sous !, sourit le papa. Et on n’est pas là pour acheter. Ici, c’est du loisir. »
Ambiance loisir aussi, voire carrément festive, pour Alban Chapuis, co-gérant du Gaec des Deux Rives en Côte-d’Or. Avec ses acolytes, ils sont venus à 6 dans un minibus de location. « On est venu voir du matériel, les nouveautés… Mais c’est aussi la détente », assure-t-il, une bière à la main de bon matin.
Pas de bière pour Cédric Thaunay et Mouadh Ben Ameur. Ces deux Français arrivent… du Congo. Le premier y gère une société agricole, le second représente Case IH pour Congomotors. Les deux hommes sont là pour peaufiner une commande. Du sérieux : il s’agit de s’équiper pour exploiter 6 500 hectares de maïs. « Il n’y a pas de place pour le tourisme », avoue Cédric Thaunay, impressionné pour sa première visite à Agritechnica : « Tous les constructeurs sont là. J’ai fait le tour complet ; à la fin, j’étais bien fatigué ! »
Pour s’organiser, chacun a sa technique. Jérôme Prudhomme et Fabrice Boismal sont venus en avion, avec leurs compagnes et un ami : « On se fait plaisir. C’est comme nos vacances. » Ils sont arrivés le dimanche soir, pour un retour le mercredi matin. Joël et Charles Gobron ont trouvé un logement à 200 km d’Agritechnica et passent une journée complète sur place. L’équipe du Gaec des Deux Rives est plus proche, avec un appartement dans le centre-ville d’Hanovre. Elle a retrouvé un restaurant-bar où elle a ses habitudes… Pour Cédric Thaunay et Mouadh Ben Ameur, c’est un véritable périple, de Kinshasa à Hanovre via Paris : du coup, ils restent une semaine sur place.
Les invitations se font très rares
Tous les visiteurs croisés se réjouissent de leur venue. Une ombre au tableau : le prix des places, qui a bondi cette année, notamment le lundi et le mardi, dédiés au business, avec des entrées à 149 €. « Notre ami qui ne s’y était pas pris à l’avance a même payé 187 € sur place. C’est beaucoup trop », taclent Jérôme Prudhomme et Fabrice Boismal.
Obtenir des invitations de la part des constructeurs était en plus mission impossible. « En 2023, on en avait eu par nos commerciaux. Cette année, c’était mort. Ils ont serré la vis », raconte Alban Chapuis. Même Fabrice Boismal, qui travaille dans une concession New Holland, a dû batailler pour obtenir un précieux sésame gratuit.
Autre bémol : la journée dédiée aux Français ne parlait finalement pas à grand monde. C’est surtout le calendrier qui a dicté la date de leur visite, notamment avec le pont du 11 novembre. Quant aux billets gratuits pour les habitants de l’Hexagone le mercredi, il fallait être bien informé pour dénicher le code promo : sur le site internet d’Agritechnica, aucune publicité ne mettait en avant cette opération.