Pour accompagner la publication d'une pétition, quelques militants de l'association, accompagnés notamment de l'euro-députée Michèle Rivasi, ont déployé une banderole "Carrefour nous enfume" devant un magasin parisien de l'enseigne. Selon une étude rendue publique lundi par l'ONG, au Brésil, où Carrefour a racheté en juin Grupo Big et est leader, « deux-tiers des 102 produits répertoriés (...) proviennent de la société JBS (...) régulièrement ciblée pour des cas de déforestation ».
Mighty Earth assure également que la société « LDC, principal fournisseur de poulets et d'œufs pour les marques propres du groupe Carrefour en France, (...) s'approvisionne auprès de la société (américaine) Bunge », importateur de soja également lié à la déforestation.
« Nous demandons à Carrefour d'être transparent sur la chaîne d'approvisionnement et d'avoir plus d'ambition », a déclaré à la presse Boris Patentreger, directeur France de l'ONG. « Carrefour a clairement un pouvoir de levier », a-t-il ajouté en appelant le distributeur à exclure de ses partenaires des sociétés comme « JBS, Bunge ou Cargill », autre importante entreprise américaine de négoce agricole.
Carrefour dit « se mobiliser beaucoup sur le sujet »
Sollicité par l'AFP, Carrefour s'est dit « un peu surpris » par cette campagne. « On se mobilise beaucoup sur le sujet de la déforestation », a dit Carine Kraus, directrice de l'engagement du groupe. Elle a souligné que deux abattoirs fournissant ses filiales au Brésil et dans lesquels « la situation avait l'air plus critique, ont été tout de suite suspendus le temps de l'enquête », après la publication d'informations par Mighty Earth.
Par ailleurs, Carrefour Brésil a annoncé vendredi un plan d'action, en créant notamment un « comité forêt » doté d'un « panel d'experts » sur la déforestation. L'objectif est de réduire de 50 % d'ici 2026 et 100 % en 2030 ses approvisionnements provenant de zones considérées comme particulièrement en danger.
Concernant la France, Carrefour a souligné « discuter avec LDC pour qu'ils s'approvisionnent rapidement uniquement en soja non importé par Bunge », mais que « cela prend un peu de temps ». « C'est un premier pas mais ce n'est pas suffisant, » a commenté Boris Patentreger. En mars dernier, des groupes indigènes et ONG avaient assigné le groupe Casino en justice pour vente de produits liés à la déforestation en Amazonie. Une médiation initiale devait avoir lieu cet été.