Il est utile de prévoir pour certains organismes les quantités de blé qui vont être récoltées. Le volume de production et la qualité sont deux critères qui peuvent intéresser les acheteurs, ainsi que les agriculteurs pour anticiper sur un éventuel allottement de la récolte.
C’est pour ces raisons qu’ont été réalisées ces cartographies de la France pour différents critères de récolte passant par la protéine, le poids spécifique (PS), l’Hagberg ainsi que le risque de mycotoxines à l’aide de mes modèles de prévisions tournant à partir de données météo sur l’ensemble de la France.
Toutes les modélisations proposées sur ces cartes prennent en compte la météo réelle (température mini et maxi, pluie) jusqu’au 15 juin. Ensuite c’est la météo moyenne qui est utilisée jusqu'à la date de récolte. Au fur et à mesure de l’avancée des jours, le modèle tient compte de la météo réelle. Attention, la qualité des récoltes est très dépendante des données météo durant les 10 à 20 jours qui précèdent la moisson. Elles ne sont pas prises en compte dans cette modélisation au nord de la France puisque les moissons ont commencé autour du 14-20 juillet.
Pour établir l’ensemble de la cartographie en couleur, mon modèle tourne sur 27 villes de France, le reste repose sur une extrapolation. Les 27 villes sont matérialisées par un petit triangle rouge. Les zones de montagnes ne sont pas incluses et sont matérialisées par « x ».
Les variables dont dépend le modèle sont liées aux différentes villes et régions qui interviennent dans la modélisation. Elles sont de quatre types :
- variables météo : température mini et maxi, pluviométrie
- variable variétale : prise en compte régionale des variétés les plus cultivées
- variable physiologique : stades (épi 1 cm, épiaison, floraison, grain laiteux, grain pâteux et récolte
- variable environnementale : historique régional
Prévision de la quantité de blé pour la récolte 2007*
(*) le rendement calculé ne tient pas compte des problèmes cryptogamiques ou de verse physiologique
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Sur la carte de gauche, la quantité est établie en indice de rendement sur 100. Le chiffre de 100 indique la moyenne historique régionale. Sur la carte de droite le rendement est établi en quintaux par hectare. Cette valeur tient compte de l’indice de rendement établi par la carte précédente et l’historique de rendement régional.
Deux zones se détachent de ces cartes : la façade du nord-ouest de la France qui a été certainement moins pénalisée par la sécheresse du mois d’avril et la région de Bordeaux à Nancy où le potentiel devrait être un peu plus limité.
Comparaison de mon modèle avec la réalité du terrain
Les résultats sont très hétérogènes. Dans le Sud, les rendements sont 10 à 15 q en dessous de la normale. Dans le Centre, les rendements vont de 65 à 75q. Dans le bassin Parisien, les chiffres oscillent autour de 70 – 85q. L’est de la France serait en dessous des moyennes historiques (55 – 65q) et dans le sud de la France, les rendements oscillent entre 40 et 60q.
Mes prévisions en termes de rendement régional se révèlent à quelques quintaux près identiques au terrain.
Prévision de la qualité du blé pour la récolte 2007
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La carte de gauche donne la part attribuable au climat dans l’élaboration du taux de protéines. Celle- ci est légèrement en relation avec la carte de rendement puisqu’on retrouve une relation inverse avec le potentiel de rendement. Une grande partie nord-ouest est légèrement inférieure à la normale pour une autre raison qui est liée aux températures durant le remplissage du grain. Apparemment, seule la partie est de la France devrait tirer son épingle du jeu.
L’année dernière, le PS moyen en France était de 77,4 ; cette année, il serait en retrait. Il existe une relation entre le PS et certaines variables météo durant la phase de formation des enveloppes. L’effet variétal est pris en compte pour ce calcul et il intervient au niveau régional.
Comparaison de mon modèle avec la réalité du terrain
En ce qui concerne les PS, ils sont très bas dans le grand Ouest - 68 à 72 - et dans le Bassin Parisien, ils oscillent autour de 74-76. Tout ceci n’est pas une surprise puisque dès le 18 juin, je prévoyais déjà ces valeurs.
Pour les taux de protéines, j’ai très peu de références, mis à part l’Onigc, qui prévoit un taux de protéines supérieur moyen national de 11,5 et moi, je le prévois à 11,5.
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La carte de gauche indique l’indice de chute d’Hagberg. Nous voyons bien qu’une zone allant du nord à la Bourgogne se dessine avec des valeurs en dessous de la moyenne nationale. Il en est de même pour l’extrême est et ouest de la France.
La carte de droite donne le nombre de jours théoriques pouvant avoir une contamination de fusariose roseum, responsable des DON. Les régions les plus arrosées durant un certain nombre de jours après la floraison ressortent donc sur cette carte en rose. Un seuil thermique est également pris en compte pour ce calcul. Attention, les conditions agronomiques sont très importantes dans la quantification de ce risque et il n’est pas pris en compte dans cette cartographie.
Comparaison de mon modèle avec la réalité du terrain
Je n’ai pour le moment aucun résultat d’Hagberg et de DON sauf sur la plaine de Caen, où la qualité n’est pas du tout au rendez-vous, puisque le PS et les Hagberg sont extrêmement bas, surtout sur les parcelles versées. En règle générale, les Hagberg sont relativement faibles partout.
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J’ai établi une carte du risque de germination pour l’ensemble de la France. Elle a été réalisée en calculant une somme de température base 12.5 entre deux stades bien précis. Plus cette valeur est importante, plus le risque de levée de dormance est élevé. Le risque est également lié à la variété, j’ai donc pris pour chacune des régions, les deux variétés les plus cultivées représentant au moins 50 % de la surface en blé.
Les parties en rose sur la carte sont donc les zones où le risque est le plus fort et inversement pour les parties en vert. Il est préférable de récolter en priorité les variétés sensibles à la verse dans ces régions (Alixan, Andalou, Cézanne Charger, Royssac)
Comparaison de mon modèle avec la réalité du terrain
Le seul écho que j’ai actuellement en ce qui concerne les grains germés, se trouve dans la plaine de Caen. Nous retrouvons bien sur ma carte cette zone en rose.