Les pratiques agricoles non durables, la surexploitation des ressources naturelles et la croissance démographique exercent une pression accrue sur les sols. Un tiers sont déjà dégradés dans le monde - jusqu'à 70 % pour les sols européens - et « les spécialistes estiment que l'érosion des sols pourrait entraîner une perte de 10 % de la production agricole d'ici à 2050 », selon un communiqué de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) diffusé vendredi à l'occasion d'un Forum mondial à Berlin.
Soil biodiversity is declining...
— FAO (@FAO) January 28, 2022
But the good news is that the loss is reversible!
What we can do to protect #SoilBiodiversity ??#GFFA pic.twitter.com/11OfyFCbzw
Cette dégradation des sols a déjà provoqué « la libération de 78 gigatonnes de carbone dans l'atmosphère (une gigatonne équivaut à la masse de 10 000 porte-avions américains en pleine charge) », alors que « les sols pourraient piéger jusqu'à 2,05 pétagrammes (mégatonnes) d'équivalent CO2 par an, ce qui permettrait de compenser jusqu'à 34 % des émissions de gaz à effet de serre provenant des terres agricoles ».
Or la FAO estime que les systèmes agricoles - le réseau complexe et interconnecté que constituent les sols, les terres et l'eau - ont atteint leur « point de rupture ». Avec l'érosion, les principales menaces sont la pollution et la salinisation des sols. La FAO pointe à nouveau une « utilisation excessive ou inappropriée de produits agrochimiques », dont la production annuelle mondiale « devrait augmenter de 85 % d'ici à la fin de la décennie ».
La salinisation touche « 160 millions d'hectares de terres cultivées dans le monde » et « entraîne chaque année une perte de productivité sur une superficie de 1,5 million d'hectares ».
Pour mieux repérer les situations critiques, la FAO a lancé en octobre une « carte mondiale des sols touchés par la salinisation », un projet conjoint auquel participent 118 pays et des centaines de collecteurs de données. L'objectif est de renseigner les décideurs amenés à faire face à l'adaptation au changement climatique et en amont de projets d'irrigation. « Il faut en faire davantage », plaide l'organisation, qui appelle les pays à investir plus, non seulement pour une gestion durable des sols mais aussi pour la sécurité foncière.