Désendetté, le groupe, qui achève avec cinq ans d'avance son plan de redressement financier lancé en 2014, se sent désormais en capacité d'investir dans « la transition agricole et alimentaire », notamment la distribution alimentaire locale, et « les métiers de demain » comme « l'agriculture de précision », a indiqué à l'AFP son directeur général Thierry Blandinières, lors d'un entretien téléphonique.
La conférence de presse de fin d’année @InVivoGroup est une belle opportunité de présenter aux médias les résultats de l’année écoulée et les grandes ambitions de notre plan #2030byInVivo.
— Thierry Blandinières (@TBlandinieres) December 17, 2019
Rendez-vous demain pour la convention #InVivo2019 pic.twitter.com/FpLnWYZmJx
La vente de Neovia en début d'année au groupe américain ADM a permis à InVivo d'afficher au 30 juin un bénéfice annuel net multiplié par près de huit, à 347,7 millions d'euros contre 45,8 millions euros un an avant, tandis que les capitaux propres étaient multipliés par près de neuf à 935,1 millions d'euros contre 104,9 millions sur l'année écoulée le 31 juin 2018, indique un communiqué.
Le chiffre d'affaires s'est, lui, maintenu au même niveau que celui de l'année précédente à 5,2 milliards d'euros, Neovia pesant encore pour un milliard d'euros dans ce total. Le rachat de Jardiland a permis de doubler le chiffre d'affaires des activités distribution à 1,2 milliard d'euros.
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— InVivo ?? (@InVivoGroup) December 17, 2019
Dans le secteur distribution, le groupe encourage les produits locaux et la vente directe, notamment en développant les ventes alimentaires dans ses quelque 1 500 jardineries (Gamm Vert, Delbard et Jardiland), via les 20 magasins de l'enseigne « Frais d'ici », et via la chaîne alimentaire Bio&Co, dans le sud-est de la France, qui a vocation à être développée dans le reste du pays, selon Thierry Blandinières.
L'activité agriculture (vente de semences et produits phyto-sanitaires ou produits de biocontrôle), regroupée depuis deux ans sous le nom Bioline, affiche un chiffre d'affaires en hausse de 30 % à 449 millions d'euros. Dans ce secteur, le biocontrôle, qui regroupe la lutte contre les maladies des plantes grâce aux insectes et micro-organismes, et les biostimulants, voit ses ventes progresser de 20 %. « L'idée, c'est de doubler la taille de Bioline en cinq ans, aux alentours d'un milliard d'euros de chiffres d'affaires », et de constituer un « pôle mondial dans le biocontrôle », a indiqué Thierry Blandinières.
Une plate-forme nommée Aladin
Pour y parvenir, le groupe qui a déjà racheté Biocolor en Espagne et Sweet Briar en Californie au groupe Driscoll, compte sur la croissance externe avec des acquisitions de sociétés ou start-ups dans le secteur, a-t-il dit. Selon lui, d'ici 2030 sur le plan mondial, le biocontrôle - qui permet de réduire les pesticides de synthèse - devrait représenter 15 % environ des 40 milliards de dollars de chiffre d'affaires générés par les pesticides classiques produits par les géants de l'agro-chimie, contre moins de 1 % actuellement.
Conscient du risque que la distribution de produits agricoles et alimentaires passe sous contrôle des grandes plate-formes commerciales du type Amazon, Thierry Blandinières a indiqué que neuf coopératives françaises participent déjà à une plate-forme de marché numérique nommée Aladin.farm, lancée en septembre. A terme, elle est destinée à fédérer les 201 coopératives clientes du groupe. Leurs adhérents agriculteurs peuvent commander en ligne des produits phytosanitaires ou semences et pourront à terme vendre leurs propres récoltes.
« Grâce au "génie Aladin", les agriculteurs pourront bénéficier de services assurantiels ou bancaires, d'informations, d'échanges de bonnes pratiques etc. », a dit Thierry Blandinières. « La force d'Amazon, ce sont ses entrepôts, mais nos coopératives ont aussi de la logistique, il nous manquait une plate-forme numérique », ajoute-t-il. Le projet, qui a vocation à s'élargir à l'international a été présenté aux coopératives allemandes, danoises, brésiliennes et japonaises. « Notre ambition est que d'ici cinq ans, 80 % des relations entre agriculteurs, coopérateurs et In Vivo passent par la plate-forme », assure Thierry Blandinières.