Au sein des membres du comité directeur de la Coordination rurale, près de la moitié des membres entament leur premier mandat. (©Terre-net Média) Sur le fond, la Coordination rurale n’avait pas appelé à joindre le grand mouvement social de ce jeudi 5 décembre 2019 pour dénoncer le projet de réforme des retraites. Sur un plan plus pratique, ses adhérents étaient mobilisés à Compiègne, dans l’Oise, pour le 26e congrès annuel du syndicat.
La veille, mercredi 4 décembre, les agriculteurs de la CR ont renouvelé le bureau et le comité directeur de leur syndicat. Bernard Lannes a été réélu – à 73 % des voix – pour un quatrième mandat de trois ans à la tête du syndicat. Sur les 18 autres membres, 10 entament leur premier mandat dans l’organigramme national. « Nous avons, pour les trois ans à venir, un comité directeur rajeuni de 10 ans », s'est réjoui Bernard Lannes.
Il s’agit, pour le syndicat, d’un « mandat de transition » en vue des prochaines élections des chambres d’agriculture dans cinq ans. D’ici cette prochaine échéance, « toute l’équipe nationale aura été renouvelée », assure Bernard Lannes qui devrait céder sa place, dans trois ans, à Véronique Le Floc’h, qui conserve en attendant son poste de secrétaire générale.
Bernard Lannes a été réélu président de la Coordination rurale pour un quatrième - et dernier - mandat de trois ans. (©Terre-net Média)
En 2025, année des prochaines élections chambres d’agriculture, la CR voudra encore prendre sa revanche après « la déception des résultats 2019 ». « Nous n’avons pas réussi à montrer ce qu’un syndicat indépendant comme le nôtre pouvait apporter aux agriculteurs », estime Véronique Le Floc’h.
En attendant, plusieurs dossiers mobiliseront, ces prochains mois, les membres de la nouvelle équipe dirigeante. Il y aura la réforme de la Pac, bien sûr, pour laquelle la CR avait convié à son congrès Aurélie Trouvé, maître de conférence à AgroParisTech et spécialiste du sujet.
Il y aura aussi, dans quelques jours, l’annonce par Édouard Philippe, des distances de zones non traitées en matière de produits phytosanitaires. La CR s’attend à une distance de 10 mètres pour des produits classés CMR (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques) les plus dangereux. « Pour tous les autres produits, il n’y aurait pas de décision tranchée avant la publication d’un rapport de l’Inra dans six mois », selon Bernard Lannes.
« Pour nous, les ZNT, c’est non et sans compromis », a scandé Bernard Lannes dans son discours. Le président de la CR a défendu un rapprochement avec les autres syndicats pour la signature de chartes départementales de bonnes pratiques quand ces dernières affichent aucune ZNT. « Nous l’avons signée dans le Gers, notamment avec la FDSEA locale et l’association des maires. »
Pour cause de grève nationale et de conseil des ministres jeudi 5 décembre, le ministre de l’agriculture « n’a pas pu honorer sa promesse de participer à notre congrès », a regretté Bernard Lannes. Tout comme son message diffusé en vidéo, l’intervention d’Isabelle Chmitelin, sa directrice de cabinet, a été quelque peu chahutée par quelques congressistes dénonçant des « discours non suivis des actes » et réclamant des actions plus rapides pour leur rémunération.
Après Sodiaal, Tereos dans le viseur
Surtout, la Coordination rurale compte poursuivre son combat pour dénoncer certains « choix stratégiques des grandes coopératives ». « Certaines coopératives déraillent complètement », tempête Damien Brunelle, nouveau premier vice-président du syndicat et céréalier axonais. Après Sodiaal, régulièrement incriminée par la CR, Tereos s’attire les foudres du syndicat. « La coopérative vient de modifier son dispositif lié au respect des engagements coopératifs. Pour les emblavements 2020, des pénalités plus importantes que le prix payé aux producteurs seraient appliquées si tous les engagements ne sont pas honorés », dénonce Damien Brunelle, membre de la CR des Hauts-de-France et secrétaire général de France Grandes Cultures.
« Pour les betteraves que nous allons semer au printemps, nous connaissons déjà le barème des pénalités, mais on ne sait toujours pas à quel prix nous allons être payés pour 2019 et encore moins pour 2020. J’ai le sentiment qu’on me force à travailler à perte ! On veut bien soutenir la coopérative en cas de difficulté mais on ne peut pas ruiner nos fermes pour maintenir l’outil industriel ! »
« L’agriculteur coopérateur de Tereos est un pion, a martelé Bernard Lannes lors de son discours de clôture. C’est scandaleux. »