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L’Inra et le Cnrs ont mené une expertise scientifique collective à la demande des ministères de l’Agriculture et de l’Écologie qui souhaitaient avoir des données sur les effets réels, à moyen et long terme, de la culture de ces variétés, et de leur rôle possible dans les politiques à visée environnementale. En France, quelques variétés tolérantes aux herbicides (Vth), obtenues par sélection traditionnelle ou mutagenèse, sont inscrites (maïs, tournesol) ou en cours d’inscription (colza).
Succès aux États-Unis
L’essentiel des connaissances porte sur les cultures nord-américaines. Sur le continent américain, des variétés tolérantes à un herbicide total, obtenues par transgénèse, sont cultivées depuis une quinzaine d’années. En moins de dix ans, ces Vth, notamment celles tolérantes au glyphosate (RoundUp Ready), ont conquis 90 % des surfaces de coton et de soja. Plusieurs objectifs motivent leur développement : élargir le spectre des adventices ciblées, simplifier le travail, notamment par la réduction du nombre de traitements herbicides, donner plus de flexibilité pour les applications et sécuriser le désherbage. Le succès des Vth est également lié au fait qu'elles facilitent le désherbage en contexte de non labour.
Cependant, trois phénomènes conduisent au développement de flores adventices mal contrôlées par l'herbicide associé à la Vth. Peuvent ainsi être sélectionnées des espèces moins sensibles à l'herbicide (dérive de flore), des plantes devenues résistantes par mutation spontanée et/ou des plantes ayant acquis le caractère de tolérance par croisement avec la Vth. Les difficultés de désherbage qui en résultent se traduisent, aux États-Unis, par un retour au niveau antérieur de consommation d’herbicides, voire un dépassement pour certaines cultures. L’ampleur et la rapidité de ces phénomènes diffèrent selon les espèces cultivées et les classes d’herbicides considérées.
Les Vth dans le contexte français
Les variétés tolérantes à des herbicides sélectifs, telles que celles utilisées en France et en Europe, peuvent apparaître comme des outils complémentaires intéressants face à certaines situations de désherbage difficile ou dans le cadre d’une diversification des moyens de lutte. Cependant, une utilisation répétée qui ne prendrait pas en compte l’évolution de la flore adventice pourrait les rendre inefficaces à moyen terme. L’exemple américain rappelle aussi la nécessité de gérer les adventices en ne s’appuyant pas sur un seul type d’innovations. Une utilisation de ces Vth limitée dans le temps et dans l'espace, dans le cadre de bonnes pratiques agronomiques, intégrant des moyens mécaniques de gestion des adventices et des rotations diversifiées, serait à même de limiter ces risques et de préserver l'efficacité de la technologie TH dans le temps.