À l’approche de sa convention annuelle, le 20 juin à Paris, l’Association nationale de la meunerie française (ANMF) décrit dans un communiqué une année « en demi-teinte » pour le secteur, marquée par une hausse des volumes de production et de vente, mais un effritement de la rentabilité et une « progression historique » des imports de farine.
En 2024, les meuniers français ont transformé 20 % du blé hexagonal pour produire plus de 4 Mt de farine, soit une hausse de 5,5 % par rapport à 2023. Un résultat notable au vu du faible PS des blés récoltés en 2024 et d’une recrudescence de l’ergot : les moulins ont dû redoubler d’effort pour trier et nettoyer les grains.
La tendance est positive aussi du côté des débouchés. Les ventes ont atteint 3,86 Mt (+ 5 %), portées par les industries alimentaires (viennoiseries, pain, pizza, restauration…) et l'export. La boulangerie artisanale, toujours premier client des meuniers français, reste stable à 1,18 Mt ; les ventes à l’amidonnerie et à l’alimentation animale progressent.
Mais la rentabilité des entreprises, qui dégringole ces cinq dernières années, préoccupe l’ANMF. Le taux de résultat d’exploitation oscille entre 2 et 4 % du chiffre d’affaires, loin des 7 % affichés en moyenne par l’industrie agroalimentaire. En cause : « une augmentation des charges de production qui ne sont pas intégralement répercutées sur les prix de vente des farines ».
Une concurrence allemande très offensive
Autre signal d’alarme : l’explosion des importations de farine. En 2024, elles ont atteint un record de 400 000 t - presque 10 % des besoins -, « avec un déficit commercial historique ». Sur les sachets de farine de 1 kg vendus en GMS, plus de 25 % sont ainsi d’origine allemande. Cette part « ne cesse de croître, portée par des offres de prix très compétitive ».

L’ANMF s’inquiète aussi du manque de transparence lié à ce phénomène, évoquant les drapeaux français figurant sur certains sachets de farine produite à partir de blé hexagonal mais transformée outre-Rhin, ce qui « entretient une confusion auprès des consommateurs ».
Elle indique aussi prendre à bras le corps les deux sujets d’avenir que sont la décarbonation et la qualité sanitaire, mais appelle pour cela à un soutien public accru : « des investissements importants sont nécessaires dans les outils de production ».
« Il ne peut y avoir de souveraineté alimentaire sans une juste rémunération de chaque maillon de la chaîne. (...) Sans un juste prix, (la meunerie) ne peut continuer à investir pour gagner en compétitivité », argue Jean-François Loiseau, président de l’ANMF.