« Le Maroc risque de maintenir des besoins d’imports très élevés » en céréales, écrivait notre expert Marius Garrigue en avril dernier, évoquant la récolte catastrophique de 2022 liée à la sécheresse et le déficit hydrique qui persistait début 2023.
Et en effet, le pays est particulièrement demandeur en ces premiers mois de la campagne de commercialisation 2023/24, apprenait-on lors d’un point de conjoncture des marchés céréaliers organisé par FranceAgriMer le 11 octobre. Si « les niveaux de production se redressent en 2023 » par rapport à 2022, ils « restent insuffisants pour le pays », indiquait Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de l’établissement.
En blé tendre, notamment. Le Conseil international des céréales (CIC) estime à 2,82 Mt la production marocaine pour la campagne 2023/24, contre 1,89 Mt pour 2022/23. Le stock initial ne serait que de 1,43 Mt, contre 2,60 Mt l’an dernier. Quant à la consommation, elle passerait de 7,82 Mt à 8,17 Mt d’une campagne à l’autre, surtout en raison d’une hausse attendue de l’utilisation pour l’alimentation humaine.

D’où des importations marocaines de blé tendre attendues à 5,40 Mt selon le CIC (7 Mt selon l’USDA !) sur cette campagne, contre 4,80 Mt en 2022/23 et autour de 4 Mt sur les trois campagnes précédentes. Les achats de blé dur augmenteraient aussi par rapport à 22/23, passant de 1,02 Mt à 1,12 Mt.
Quelle place pour les blés tendres français dans les achats du Maroc ?
D’après les Douanes et les données de Refinitiv et Reuters, le Maroc a importé 2,8 Mt de blé tendre français sur 2022/23, contre 1,7 Mt en 2021/22 et 1 Mt en 2020/21. Quid de 2023/24 ?
Sur les trois premiers mois de la campagne, ses achats de blé tendre français s’élevaient à 880 000 t, « en recul par rapport à 2022/23 », précise Marc Zribi.
Agritel expliquait fin août que, comme d’autres partenaires historiques, le marché marocain est devenu plus concurrentiel ces dernières années, facilitant les importations de blés tendres de la Mer noire, et que la France devra « le reconquérir » sur 2023/24 pour atteindre ses objectifs à l’export.
Reuters rapportait début octobre que selon Intercéréales, le Maroc importerait 2,5 Mt de blé tendre français sur cette campagne, soit environ 46 % de ses besoins. Contre 60 % en 2022/23.