A regarder de près le programme de Nathalie Kosciusko-Morizet en vue de la primaire de la droite et du centre, la seule candidate face à ses six rivaux masculins ne compte assurément pas sur le vote des agriculteurs. L’élue parisienne n’est pas une spécialiste des questions agricoles, si bien que l’agriculture n’est évoquée qu’une seule fois dans son document-projet de près de 30 pages.
NKM en parle au sujet des « circuits courts » qu’elle souhaite développer, non pas seulement en alimentation, mais dans tous les domaines de la vie quotidienne. « Sur le plan alimentaire, les circuits courts seront favorisés à travers une fiscalité incitative, un étiquetage environnemental et la mise en place de bons d’achat sociaux. Les plateformes et les magasins de producteurs dédiés aux produits issus de l’agriculture de proximité incitent également aux circuits courts. »
Pour le reste, c’est l’inconnu. L’ancienne vice-présidente des Républicains a pourtant visité une exploitation agricole morbihannaise lors de son premier déplacement de campagne comme candidate officielle, le 23 septembre 2016. Elle avait rencontré un couple d’éleveurs de porcs. « Il y a dans cette France rurale une énergie et une détermination à maintenir notre modèle agricole (et donc notre alimentation) qui forcent le respect. Si seulement on pouvait les laisser travailler plutôt que de les noyer sous les contraintes et de vouloir sans cesse les encadrer », commente-t-elle sur son site de campagne.
Laisser les Français financer le ministère de leur choix
Pour le reste, certaines propositions d’ordre général concerneraient aussi les agriculteurs. NKM veut notamment abaisser l’impôt sur les sociétés à 25 %, soit « la moyenne européenne, (…) baisser aussi les cotisations patronales de 50 Mds€ (soit – 21 %) sur tous les salaires et pas seulement sur les plus bas, pour qu’enfin les rémunérations des populations les plus stratégiques puissent être compétitives en France. » La candidate veut aussi « alléger la fiscalité sur la transmission des entreprises au sein de la famille, à hauteur de 7 Mds€ ».
Surtout, NKM entend remplacer l’impôt sur le revenu actuel par une « flat tax », un « impôt proportionnel individualisé ». « Chaque Français doit payer des impôts justement proportionnés. » En contrepartie, chaque Français bénéficierait « d’un revenu de base de 470 € par mois, qu’il soit au chômage ou en emploi ». Ce revenu de base fusionnerait notamment le RSA, l’ASS (allocation de solidarité spécifique) et la prime d’activité.
Plus surprenant, la candidate voudrait laisser la possibilité à chaque citoyen « d’affecter 5 % de son impôt chaque année au ministère de son choix, selon les projets présentés par les ministères. » « Ainsi, chaque Français pourra choisir de financer avec son impôt les projets qui lui semblent les plus pertinents pour l’avenir de son pays », justifie-t-elle. A moins d’une sensibilisation accrue des citoyens pour l’importance de leur alimentation et du caractère stratégique du secteur agricole, pas sûr que ce soit de bon augure pour le ministère de l’agriculture.