Entre utilité, conviction et désillusion, les élections chambres divisent

Vote chambres d'agriculture
Le taux de participation sera-t-il plus élevé lors de ces élections professionnelles agricoles ? (©Terre-net Média)

Depuis 2007, le taux de participation aux élections professionnelles agricoles baisse d’environ 10 points à chaque élection, passant de 65,5 % à 54,34 % en 2013, puis à peine plus de 46 % en 2019. Le scrutin 2025 mettra-t-il fin à cette déperdition de votants ?

Les difficultés agricoles pourraient jouer en faveur d’une participation accrue. C’est en tout cas l’avis de certains agriculteurs interrogés par Terre-net, qui estiment que le « contexte actuel très compliqué et désolant », que ce soit au niveau agricole, mais également politique, pourrait générer des votes. Pour cet autre exploitant, c’est la « généralité du ras-le-bol et la montée des extrêmes » qui pourraient bien inciter à voter.

« Peut-être la fin du monopole de la FNSEA »

Inciter à voter, oui, mais contre le syndicalisme majoritaire, estiment plusieurs répondants qui espèrent que le mécontentement de la base servira les syndicats minoritaires. « La FNSEA est au bout de sa logique et n’a plus rien à proposer, sauf niveler par le bas les normes environnementales… Elle risque de largement s’affaiblir et enfin le jeu sera plus ouvert », veut croire cet agriculteur. « Depuis les manifestations de janvier 2024, on sent que la profession veut du changement », ajoute un autre.

« Cela fait très longtemps que l’on constate la baisse dramatique du nombre d’exploitants. Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir que ça s’arrête et il n’y a vraiment qu’un seul syndicat qui propose un vrai changement de cap », explique cet agriculteur.

D’autres restent découragés par le poids de la FNSEA et les règles du scrutin qui favorisent la liste arrivée première. « Les syndicats minoritaires ont peu de moyens pour communiquer », déplore ainsi ce répondant.

Découragés par les chambres d’agriculture ou par le syndicalisme

Cependant, certains agriculteurs ne se sentent pas représentés par le syndicalisme. Cet éleveur normand reproche par exemple aux responsables agricoles de ne pas avoir « assez alerté sur le génocide de l’élevage ». « Chez nous, en Seine-Maritime, le plus important c’est le lin et les patates, les éleveurs peuvent crever », regrette-t-il. « Les chambres compliquent les installations, et leurs salariés ne sont pas à la hauteur technique de nos besoins. Les chambres d’agriculture ne servent donc à rien pour les éleveurs et nous coûtent cher », ajoute-t-il.

D’autres n’ont pas l’espoir que leur vote puisse changer la donne. « Cela ne sert à rien, la FNSEA a mis la main basse sur tout, ils décident de qui peut s’installer, qui peut avoir les terres, les aides, les moyens de production, de qui peut produire et exister et donc seront forcément élus », s’emporte cet agriculteur, très remonté contre le système.

« Voter pour qui ? En 26 ans d’activité, je n’ai jamais voté », témoigne cet autre répondant. « FNSEA et CR mêmes méthodes : manifs, dégradations, quémander… et se plaindre du bashing agricole. Quant au troisième, sans commentaire, le soutien des extrême gauche, non merci », explique-t-il, catégorique sur l’inutilité du vote.

« Voter, un droit et un devoir »

Malgré les imperfections éventuelles du scrutin, une partie des agriculteurs vote tout de même, estimant qu’il s’agit « d’un droit et d’un devoir ». « C’est l’avenir de l’agriculture qui se joue largement à ce moment-là. Avec des projets aussi différents c’est vraiment être irresponsable de s’en dégager en laissant les autres décider à sa place », affirme un répondant.

« Il faut aller voter, notre voix sera enregistrée dans le choix du syndicat cela peut faire basculer le résultat attendu », explique un autre.

Certains mettent aussi en avant l’utilité d’être représentés face aux pouvoirs publics, ou face à l’administration. « C’est important pour les décisions d’orientation agricole pour l’avenir », rappelle un agriculteur.

Enfin, au-delà de la perfectibilité du système, le problème de l’abstention ne serait-il pas aussi générationnel ? C’est ce que pense cet autre répondant : « Lorsque nous allions voter en mairie et sur un seul jour, le taux de participation était très bon, aujourd’hui pas besoin de se déplacer, et ce n’est pas bon. Étant dans l’ère de l’individualisme, chacun peut penser qu’un effort individuel sera plus payant qu’un effort collectif, pas sûr que les derniers évènements changent grand-chose si l’on regarde le nombre de participants aux manifs… ».

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