Service de remplacement : pourquoi l’utiliser, pourquoi devenir agent ?

Deux agriculteurs se serrant la main
Les remplacements de congés maternité/paternité augmentent de 8 % et de congés classiques de 10 %, ceux pour maladies/accidents baissent de 5 %. (chiffres 2022) (©Gpoint Studio, Adobe Stock )

Parce qu’ils ont des difficultés à recruter des salariés pour remplacer les agriculteurs, les services de remplacement diffusent, depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, des portraits de leurs agents, sous le slogan « Une aventure humaine, ça te tente ? », afin de donner envie de tenter cette expérience professionnelle. Un moyen aussi d’inciter les exploitants agricoles à recourir à cette prestation et à adhérer à l’association.

Moins de 2 min chrono, en vidéo, pour répondre à sept questions : se présenter, puis expliquer comment ils sont arrivés au service de remplacement, depuis combien de temps, ce que ce métier représente pour eux, les qualités à avoir et les bénéfices retirés, professionnellement et personnellement, quelques anecdotes à l’appui. Un format percutant destiné à faire mouche auprès des jeunes. De même que celui ressemblant à un CV, posté en parallèle, faisant ressortir les motivations, le profil et le parcours de plusieurs agents de remplacement également.

Diversité de profils et parcours

Sur ces deux derniers points, les situations sont diverses tant au niveau de l’âge (24 à 34 ans), de la famille (célibataire, pacsé, marié, sans ou avec un ou plusieurs enfants) que de l’origine, des études réalisées (pré et post-bac) et des professions antérieures, agricoles ou non. Pour certains, comme Pierrick, commercial pendant 11 ans, il s’agit d’une reconversion professionnelle.

En termes d’âges, origines, études, expériences professionnelles, contrats…

Les contrats sont aussi variés (CDI à 100 % ou moins, CDI intermittent, CDD de mission…), comme l’ancienneté (18 mois à une quinzaine d’années). La plupart, cependant, sont agriculteurs/agricultrices, ou en cours ou projet d’installation en agriculture. Océane, elle, est salariée à plein temps dans une coopérative : c’est pourquoi elle est embauchée en CDD de mission au SR de l’Oise.

Unanimité sur l’intérêt du métier…

Concernant la profession, les qualités requises et les apports sur les plans pro et perso, les avis et ressentis sont plus unanimes. « La diversité » des exploitations, des productions, des systèmes, des pratiques, des tâches effectuées, des personnes rencontrées (quelques-uns ont même travaillé dans plusieurs régions) est le premier avantage cité par beaucoup. « Cela permet d’apprendre des techniques nouvelles et différentes, que l’on peut appliquer dans d’autres fermes ou chez soi », soulignent Pierrick et Énora.

Diversité, apprentissage, ouverture d’esprit, relationnel.

« Ça m’a fait grandir et voir le monde agricole différemment de ce qu’en montrent les médias », poursuit-elle. « C’est très enrichissant, il y a autant de façons de faire que d’exploitations », résume Anaïs. Thibaut met lui aussi en avant « l’ouverture d’esprit et l’absence de routine ». Lucie « la confiance en soi » qu’elle a acquise professionnellement et personnellement, parce qu’on « se retrouve seul à gérer la structure ». Frédéric évoque « le perfectionnement des compétences et l’aspect relationnel ».

Formateur pour une installation future.

« De nombreux apprentissages pour le futur », enchaîne Lucie, pour s’installer notamment, « une expérience de terrain » appuie Énora, « très formatrice » insiste Pierrick. Socialement, cela apporte plein de choses, reprennent-ils. « De belles rencontres : pas mal d’adhérents sont devenus des copains », précise Pierrick. Le métier offre, par ailleurs, une certaine « souplesse et flexibilité pour concilier vie pro et perso », ou exercer une autre activité à côté.

… et les qualités requises

Tous sont contents « d’aider les agriculteurs », « les soutenir, les épauler en cas de coup dur » mais aussi pour qu’ils puissent prendre un peu de bon temps, pour eux et avec leurs familles et amis. Ainsi, Thibaut se sent « utile » et Lucie apprécie la confiance que ces patrons lui témoignent. Leur plus grande satisfaction est celle des agriculteurs et leurs remerciements à leur retour. « C’est valorisant, je n’ai jamais obtenu une telle reconnaissance dans mes autres emplois salariés », se réjouit Anaïs.

Autonomie et polyvalence, savoir d’adapter, être à l’écoute.

Quant aux qualités nécessaires, tout le monde répond en premier « l’autonomie », et « la polyvalence » ensuite. Autrement dit : « aimer le changement et savoir s’adapter », « rapidement » qui plus est. « Une rapidité et une efficacité » qui ne doivent pas empêcher « d’être à l’écoute des exploitants et des consignes ». Pierrick parle de « la ponctualité » et Thibaut du « sérieux », essentiels à leurs yeux.

« Il faut être sociable, car d’un producteur à l’autre, ce n’est pas la même chose, et aimer travailler en équipe », ajoute ce dernier. Chacun a au moins une histoire marquante à raconter telle qu’une cote repeinte par une vache qui a toussé en bousant, voire le visage, un troupeau qui s’est fait la malle à rassembler, une vache nageant dans la fosse à lisier à repêcher…

Quid de l’intérêt du SR pour les agriculteurs ?

Le service de remplacement a également réalisé des vidéos, cette fois-ci à destination des agriculteurs, pour mettre en avant les raisons et intérêts d’y faire appel, à travers l’histoire d’un couple fictif, Alexis et Mathilde, en Gaec en polyculture-élevage avec deux ateliers bovin lait et porcin. Chaque épisode, publié sur Facebook, Youtube, etc., porte sur motif précis : les congés ou week-ends, la maternité/paternité, l’engagement extérieur professionnel, social, territorial, la formation, l’accident oula maladie. Tout aussi valables les uns que les autres.

« Du temps pour soi et ses proches, pour souffler ou prendre du recul, est indispensable au bien-être de chacun et au fonctionnement de toute entreprise », entend-on dans le premier volet. « Profiter pleinement et sereinement d’un heureux événement est important », pointe le deuxième. S’engager est quelque chose de fréquent dans le milieu agricole (syndicats, groupements de producteurs, mairies…) et se former (actualiser ses connaissances, améliorer savoirs et savoir-faire, monter en compétences), tout au long de sa carrière, est crucial pour tout chef d’exploitation, qui doit suivre et évoluer en fonction des mutations de l’agriculture.

Anticiper pour plus de sérénité.

Enfin, agriculteur est une profession parmi les plus accidentogènes, avec 50 000 accidents du travail par an. Or, « les conséquences financières et humaines peuvent être lourdes », surtout si la ferme ne repose plus alors sur personne ou sur un seul associé. « Il faut anticiper les problèmes pour pouvoir préparer, en amont, l’accueil de l’agent de remplacement et avoir l’esprit tranquille. D’où l’importance de renouveler, chaque année, son adhésion et de le solliciter régulièrement. Sachant que des aides financières existent. C’est l’assurance d’avoir un remplaçant formé, qualifié, compétent, sérieux, organisé, opérationnel, autonome, réactif, fiable, impliqué, de confiance, qui assurera la bonne continuité des travaux de l’exploitation. »

16 000 agents, 31 000 agriculteurs remplacés et 4,65 millions d’heures

Le service de remplacement France redonne quelques chiffres, issus de son rapport d’activité 2022 : 4,65 millions d’heures de remplacement, à 90 % pour une cause sociale (maladies et accidents principalement, puis congés maternité/paternité), 317 services de remplacement sur l’ensemble du pays, 16 000 agents, 450 collaborateurs administratifs, 3 000 agriculteurs et agricultrices engagés, 68 000 adhérents, 31 000 personnes remplacées, essentiellement dans l’ouest et en Auvergne-Rhône-Alpes.

Les congés et congés maternité/paternité progressent.

En nombre d’heures, les remplacements pour congés maternité/paternité progressent de 8 % et pour congés classiques de 10 %, ceux pour maladies/accidents baissent de 5 %. En 2022, les accidents/maladies ont représenté 1,5 million d’heures pour près de 8 000 bénéficiaires, l’engagement 103 000 h pour 1 500 bénéficiaires, la formation 145 000 h pour près de 5 000 bénéficiaires.

Seuls 16 % des chef (fe) s d’exploitations adhèrent au SR mais 45 % des adhérents l’ont utilisé au moins une fois au cours de l’année. Ces derniers sont des hommes, à 75 %, ont plus de 50 ans, à plus de 50 %, 52 % sont en société et 80 % en productions animales (53 % en bovins lait et 36 % en bovins viande). Les agents de remplacement, eux, sont à 72 % des hommes, 42 % ont entre 20 et 30 ans, 35 % sont titulaires du baccalauréat et la majorité est en CDD.

Depuis deux ans, le concours national des agents de remplacement aux Terres de Jim permet à la fois de faire découvrir le métier au grand public, et aux salariés de toute la France d’échanger. Le degré de satisfaction global des utilisateurs est de 86 % : 89 % pour le savoir-être des agents, 88 % pour le respect des règles de l’exploitation et l’attention portée aux demandes.

Partenariat Lidl, nouveautés 2024 et PLOAA

Depuis 2021, un partenariat avec Lidl permet aux agriculteurs engagés dans un contrat tripartite avec l’enseigne et leur organisation de producteurs de profiter de jours de congé, via une cagnotte solidaire alimentée par une opération produit-partage. Le don versé par Lidl a financé 3 375 journées de remplacement en 2022 (300 000 €) et 9 000 depuis le lancement de l’initiative.

Pour rappel, les nouveautés 2024 : le crédit d’impôt est passé à 17 jours avec des taux de prise en charge augmentés à 80 % pour les accidents/maladies et la formation, à 60 % pour les congés, ce qui « démocratise » ce service.

Le service de remplacement a aussi été renforcé dans la future loi d’orientation agricole.

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