« Après trois années catastrophiques (...), les apiculteurs retrouvent en 2015 une production moyenne », note l'Unaf, loin toutefois de satisfaire la demande nationale, ce qui conduit la France à massivement importer du miel (environ 28.000 tonnes). Selon les estimations de l'Unaf, entre 15 et 17.000 tonnes de miel ont été produites en France l'an passé. La production était tombée à un niveau historiquement bas en 2014 avec moins de 10.000 tonnes. En 1995, plus de 30.000 tonnes étaient produites et encore 20.000 en 2011, rappelle l'association d'apiculteurs professionnels, qui réclame de nouvelles interdictions de pesticides dont l'usage aggrave la mortalité des colonies.
L'année 2015 a été « une année bien meilleure, malgré les pesticides, à cause de conditions météo plus favorables » mais aussi grâce à « la présence de miellat qui a permis de compenser la faiblesse de certaines récoltes », a expliqué Henri Clément, porte-parole de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf). Le miellat est une substance sucrée produite par certains insectes, notamment les pucerons et les cochenilles, et qui est recueillie par les abeilles. « Les récoltes sont de plus en plus capricieuses », relève Henri Clément pour qui il ne faut pas « sous-estimer l'impact du réchauffement climatique », qui assèche les fleurs.
Or, le principal problème reste le taux de mortalité élevé des abeilles : 30 % en moyenne, parfois 50 à 80 % dans certains secteurs. « Chaque année, ce sont 300.000 colonies d'abeilles qui meurent et qui doivent être reconstituées », souligne l'Unaf. « Aucune filière n'accepterait de perdre 30 % de son cheptel », une perte qui « pèse de manière durable sur la production française », souligne Henri Clément. Cette surmortalité est attribuée à des parasites (le frelon asiatique par exemple) et à l'usage de pesticides, en particulier des insecticides de la classe des néonicotinoïdes. Plusieurs études ont mis en évidence l'impact des néonicotinoïdes qui désorientent les abeilles et les empêchent de retrouver leur ruche.
L'Union européenne a d'ailleurs imposé en 2013 un moratoire sur trois néonicotinoïdes, ainsi que sur le Fipronil. Mais d'autres néonicotinoïdes sont commercialisés et, par ailleurs, le moratoire ne concerne pas les céréales à paille semées en hiver, ni les betteraves et les traitements en forêt.