130 hectares de terres agricoles, 24 hectares de parcelles bâties, 133 hectares de bois, et un château du XVIIème siècle… Le domaine de Grignon, situé dans les Yvelines, était dédié à l’agronomie depuis 1826, lors de son rachat par Charles X. L’État, qui en était propriétaire, a choisi de le mettre en vente et a accepté le 4 août le projet d’Altarea, important groupe immobilier français, faisant craindre la disparition d’un patrimoine historique et agricole de 200 ans au profit de l’artificialisation des terres.
La cession s’inscrit dans le cadre du projet de création d’un important pôle scientifique sur le campus de Paris-Saclay où doivent s’installer en 2022 l'école AgroParisTech, et des laboratoires de l’Inrae. Pour éviter le dévoiement, voire la disparition de ce site d’exception, un projet alternatif avait été déposé par l’Association Patrimoine AgroParisTech-Grignon 2000, composée d’anciens élèves et soutenue par la communauté de communes Cœur d’Yvelines.
Davantage de béton à l’heure du Zéro artificialisation nette ?
L’acquéreur Altarea assure de son côté être « porteur d'un projet respectueux de l'environnement naturel et du patrimoine du site » et « de son bâti ». Il s'engage à « rendre la forêt accessible au public » et à « créer un sanctuaire écologique propice au développement de la biodiversité ». Il est également prévu « une programmation résidentielle adaptée » avec « de nouvelles constructions parfaitement intégrées sur des zones déjà urbanisées » ainsi que « l'implantation de commerces de proximité en circuits courts portés par des artisans de bouche franciliens », selon un communiqué. Le château devrait accueillir des séminaires et événements.
[PRESSE] - Communiqué de presse des organisations professionnelles franciliennes sur #Grignon
— FRSEA Ile de France (@FrseaIDF) August 19, 2021
??"Zéro Artificialisation Nette : l'Etat fait bétonner 200 ans d'excellence agricole !" https://t.co/0zV9LX4vnu
L’association Grignon 2000, qui prépare un recours, craint à terme pour la préservation du domaine, en lien avec son démantèlement puisque les 133 ha de forêt seront désormais gérés par le Conseil départemental des Yvelines, et la ferme expérimentale laissée aux étudiants d’AgroParisTech. Le projet nécessiterait par ailleurs la modification du plan local d’urbanisme (PLU), ce que la maire de Thiverval (le village où se situe le domaine) n’est pas prête à faire.
Dans un communiqué diffusé le 19 août, la FRSEA, les JA et la Chambre d’agriculture dÎle-de-France sont plus radicaux. « La profession agricole craint tout particulièrement pour la pérennité et la préservation des espaces agricoles ainsi que de la ferme expérimentale du domaine de Grignon, berceau de l’agronomie française. À l’heure du « zéro artificialisation nette » prêché par l’État, il est primordial de préserver les espaces agricoles et leurs fonctionnalités », rappellent les organisations.
« Altarea Cogedim, bétonneur, acquiert des terres et forêts de grandes valeurs sylvicoles et agronomiques. Or, on n’a jamais vu un grain de blé pousser sur du béton », raillent les responsables agricoles, qui demandent davantage de vigilance et de concertation aux pouvoirs publics.