Ce texte est susceptible selon eux de menacer la production agricole. La Commission européenne a proposé mi-2022 une législation imposant aux Vingt-Sept de restaurer d'ici 2030 les écosystèmes sur 20% des zones terrestres et maritimes de l'UE. Puis sur la totalité des zones abîmées par la pollution ou l'exploitation intensive (forêts, prairies, espaces marins...) d'ici 2050. Il prévoit l'extension des zones « à haute diversité » (haies, jachères...) en milieu agricole.
Le texte a fait l'objet la semaine dernière de deux votes consultatifs de rejet dans les commissions agriculture et pêche du Parlement, réunissant des élus d'extrême droite (groupes ID et ECR), de droite (PPE), mais aussi de Renew Europe (centristes et libéraux), divisé sur ce sujet. Il doit faire l'objet mi-juin d'un scrutin en commission Environnement, avant un vote en séance plénière, en vue de futurs pourparlers avec les États membres pour tenter de finaliser la loi de restauration de la nature d'ici les élections européennes de 2024.
« Une menace pour la sécurité alimentaire »
Mais ces négociations se poursuivront désormais sans le PPE, au risque de gripper le processus : « Cette loi mal rédigée est une attaque contre l'agriculture, la sylviculture et la pêche européennes », a expliqué la négociatrice du PPE, l'eurodéputée allemande Christine Schneider. « On ne peut l'accepter sans étude d'impact complète sur la sécurité alimentaire, la perte de terres agricoles et le déploiement des énergies renouvelables », dont l'implantation pourrait être compliquée, a-t-elle ajouté dans un communiqué.
« La loi dans sa forme actuelle entraînera une baisse de la production agricole européenne, faisant grimper encore les prix et risquant de compromettre la sécurité alimentaire en Afrique », a renchéri le président du groupe, l'eurodéputé allemand Manfred Weber.
Des arguments battus en brèche par la Commission, la gauche parlementaire et les ONG environnementales. « Le PPE perd tout sens moral (...). Quel spectacle honteux : le premier groupe parlementaire s'engage dans des jeux de pouvoir » contre le Pacte vert et la Commission, dont la présidente Ursula von der Leyen est elle-même issue du PPE, s'est indigné Philippe Lamberts, co-président du groupe Verts.
Ce texte crucial pour la biodiversité suscite également de farouches résistances parmi les États membres, qui doivent arrêter d'ici l'été une position commune. Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a réclamé la semaine dernière une « pause » sur le texte pour « éviter de surcharger la barque » des normes environnementales.
Le PPE réclame par ailleurs « un moratoire » sur tout objectif contraignant de réduction des pesticides, autre volet du "Green Deal".