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Ces quelques chiffres clés, issus du livre Le tour d'Europe des dynamiques agricoles de Christophe Dequidt et Alain Bonjean (source : Eurostat), permettent de donner une vision d'ensemble de l'agriculture européenne. Mais l'intérêt, au-delà, est de savoir quels sont ses atouts et ses fragilités, ainsi que les possibilités de développement qui s'offrent à elle et les risques qu'elle encourt.
Selon les auteurs en effet, l'agriculture de l'UE peut s'appuyer sur de nombreuses forces :
- les bonnes conditions de production (climat favorable, sols riches, main-d'œuvre qualifiée, intrants disponibles et infrastructures efficaces)
- les cultures et les élevages diversifiés
- les excellentes performances
- les filières structurées
- le marché intérieur et les exportations dynamiques
- l'alimentation saine, de qualité et en quantité satisfaisante...
Plusieurs opportunités se présentent également :
- le marché mondial en forte croissance (augmentation de la population), avec de nouveaux débouchés
- l'essor des nouvelles technologies, sources d'améliorations techniques, mais aussi au niveau du travail et des coûts
- le moindre recours aux intrants, favorable à l'environnement, à la santé et à la rentabilité des exploitations
- la prise en compte des attentes sociétales (bien-être animal, environnement, lutte contre le réchauffement climatique, traçabilité et sécurité sanitaire des aliments...)
- le développement des circuits courts...
Mais, certaines faiblesses peuvent être préjudiciables à plus ou moins long terme :
- les revenus agricoles inférieurs de 40 % à ceux des autres secteurs
- les grandes disparités entre pays (types d'exploitations, systèmes, résultats technico-économiques, législations, etc.)
- la dépendance aux subventions, indispensables à la survie de 60 à 70 % des producteurs
- le vieillissement des agriculteurs et agricultrices
- les coûts de productions très hauts (foncier, main-d'œuvre, normes environnementales)
- le taux d'endettement important (surinvestissement, accès difficile au financement)
- le manque de solidarité entre pays malgré la politique agricole commune
- le décalage avec l'aval des filières, qui se concentre de plus en plus
- le peu d'investissement en recherche et développement...
Quelques menaces sont aussi sous-jacentes :
- les courants anti-européens (et notamment le Brexit)
- la concurrence mondiale
- la volatilité des marchés et des prix
- les accords de libre-échange
- la raréfaction des ressources naturelles et les aléas climatiques
- la défiance des consommateurs...
Selon Christophe Dequidt et Alain Bonjean, le grand défi pour l'agriculture européenne, tant en productions végétales qu'animales, est de « concilier performance agricole, sécurité sanitaire et ressenti des acheteurs et consommateurs ». L'élevage, en particulier, est « en danger », alertent-ils, « à cause de sa pénibilité, du manque de main-d'œuvre, de son peu d'attrait pour les générations futures, de son image négative en termes de bien-être animal et de son implication dans le réchauffement climatique ». Pourtant, globalement, les productions animales sont plutôt « efficaces et vertueuses ». « L'élevage va au-delà de la simple production alimentaire : il contribue à la réalisation de nombreux objectifs de développement durable », font remarquer les auteurs.