Après l’interdiction des néonicotinoïdes dans les semences de betteraves, puis celle du S-métolachlore, les agriculteurs français ont manifesté, auprès des pouvoirs publics, leur inquiétude quant à leur future capacité à produire. Un message réitéré auprès d’Emmanuel Macron le 25 février, lors de sa visite inaugurale du salon de l’agriculture.
Le président a, à cette occasion, annoncé un nouveau plan sur les produits phytosanitaires, laissant le soin à la première ministre Elisabeth Borne, d’en détailler les contours ce lundi lors de sa visite du salon de l’agriculture.
Accélérer sur la recherche d’alternatives
L’objectif de ce plan phyto est bien de répondre aux inquiétudes de la profession, à travers « un changement de méthode, pour donner plus de visibilité aux agriculteurs », a précisé Matignon en amont de la visite.
Dans les cinq à six prochaines années, près de 200 substances actives seront soumises à une autorisation de renouvellement. Le gouvernement souhaite identifier celles qui sont les plus susceptibles d’être retirées du marché afin d’accélérer la recherche d’alternatives, sur les plans agronomique, technique, ou via les changements de pratiques.
« Je veux être claire: en matière de produits phytosanitaires, nous respecterons désormais le cadre européen et rien que le cadre européen », a expliqué Elisabeth Borne, alors que ces dernières années, la France a choisi d'interdire certaines substances, nocives pour l'environnement, mais qui étaient encore autorisées au sein de l'Union européenne.
« Nous ne créerons aucune distorsion de réglementation pour nos producteurs, sauf en cas de force majeure, quand la santé publique est menacée », a-t-elle ajouté. « Notre approche est fondée sur la science et les avis des scientifiques.
C'est la méthode que nous appliquons sur tous les produits. L'autre point cardinal, c'est qu'on ne transige pas avec la santé publique. Personne ici ne veut répéter les erreurs du chlordécone », a-t-elle souligné en référence au puissant pesticide utilisé jusqu'en 1993 dans les bananeraies françaises des Antilles et à l'origine de nombreux cancers.
Une concertation pour élaborer un plan d’ici l’été
Pour y parvenir, une concertation avec l’ensemble des acteurs concernés –chambres d’agriculture, syndicats agricoles, instituts techniques, recherche publique, entreprises de produits phytosanitaires- sera organisée. L’objectif étant de finaliser le plan d’ici l’été, précise le gouvernement. L’Etat renforcera les moyens financiers dédiés, à travers le plan d’investissement France 2030, et Ecophyto 2030.
La première ministre avait déjà échangé, en amont du salon, avec la FNSEA, les chambres d'agriculture et Jeunes agriculteurs. Elle a poursuivi ce lundi les échanges avec les représentants de la profession lors d'un déjeuner de travail. Le reste de sa visite a été axée sur la rencontre avec les agriculteurs, les éleveurs, dans les territoires, à travers une visite du hall des Régions, des Outre-mer, puis du hall de l'élevage.
Pour protéger notre santé et la biodiversité, nous continuerons de réduire l’usage des produits phytosanitaires.
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) February 27, 2023
Il nous faut anticiper et préparer les alternatives : nous lancerons cet été une stratégie nationale Eco-phyto 2030, construite avec l’ensemble des acteurs. #SIA2023 pic.twitter.com/mPCuj10jEW