Plan phytos, inflation, eau : ce qu'il faut retenir de la visite présidentielle

Devant l'égérie de race Salers de cette édition 2023 du Sia, Emmanuel Macron a effectué samedi 25 février son traditionnel marathon inaugural du salon. (©Emmanuel Macron)
Devant l'égérie de race Salers de cette édition 2023 du Sia, Emmanuel Macron a effectué samedi 25 février son traditionnel marathon inaugural du salon. (©Emmanuel Macron)

Entre folklore, échanges professionnels et pur exercice de communication politique, Emmanuel Macron s'est plié au rituel de l'inauguration de la plus grande ferme de France.

Comme d’habitude – hormis l’an dernier, quand il avait dû se contenter d’une visite express du salon, deux jours seulement après le début de l’invasion russe en Ukraine –Emmanuel Macron s’est livré à un marathon dans les allées du salon de l’agriculture, particulièrement bondées pour cette édition 2023. En démarrant par un point avec les organisations professionnelles.

Un « plan de sobriété pour l'eau »

Alors que la France connaît un épisode de sécheresse historique cet hiver, Emmanuel Macron a plaidé pour un « plan de sobriété pour l'eau » sur le modèle du « plan de sobriété énergétique » lancé pour contenir les effets de la guerre en Ukraine.

« On sait qu'on sera confrontés comme on était l'été dernier à des problèmes de raréfaction (d'eau) : plutôt que de s'organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d'usage, on doit planifier tout ça », a-t-il expliqué, ajoutant qu'il fallait se résoudre à la « fin de l'abondance ».

Il a appelé à « mieux récolter l'eau de pluie », « avoir moins de fuites dans les réseaux d'eau » et « mieux répartir l'utilisation de l'eau potable selon les usagers », notamment en « continuant de produire et d'investir sur des rétentions collinaires ».

Selon le ministre de l’agriculture, 30 % d’eau supplémentaire pourrait être disponible si on dévasait les réserves et cours d’eau existants. L’enjeu est donc d’assouplir la réglementation sur les opérations de curage, actuellement soumises à autorisation sous conditions et sur le statut des sédiments, considérés comme un déchet. Le projet de décret pourrait être prêt d’ici fin mars 2023. « L’objectif est de pouvoir mobiliser 37 millions de mètres cube d’eau supplémentaires dès cet été », assurait le ministre mercredi devant la presse spécialisée.

Nouveau plan sur les phytos

En toute fin de visite, Emmanuel Macron a annoncé un nouveau plan sur les phytos, faisant le constat que les plans Ecophyto étaient portés essentiellement par « des motivations » environnementales et sanitaires. L'Elysée précise qu'il s'agit de «  mettre les agriculteurs au cœur » de la décision.

Sans plus de précisions, la présidence a évoqué « des financements publics » et une potentielle contribution des producteurs de produits phytosanitaires « qui devront nous dire à quel point ils s'investissent avec nous pour trouver des solutions ». Les contours de ce plan seront présentés ce lundi 27 février par la Première ministre Elisabeth Borne lors de sa visite du salon.

De son côté, Christiane Lambert, la présidente du syndicat FNSEA, a plaidé pour un relâchement des contraintes qui pèsent sur les agriculteurs.

« Il y a des décisions qui vont à l'envers de la souveraineté alimentaire », a-t-elle déploré. « Malheureusement les producteurs coupent les cerisiers et les pommiers faute de produits phytosanitaires », a-t-elle ajouté.

Plus tôt dans la matinée, aux côtés d’autres représentants syndicaux, Hervé Lapie, président de la FDSEA de la Marne et secrétaire général de la FNSEA, interpellait le Président sur les interdictions de produits de santé végétale, en lui rappelant que sa promesse d’aucune interdiction sans solution n’était pas tenue. « Les agriculteurs se sentent complètement démunis par rapport aux impasses techniques qui s’accumulent ». Pour lui, il faut davantage anticiper pour « identifier ensemble les produits qui pourraient poser problème demain », et « travailler avec les instituts techniques, l’Inrae, l’Anses, pour trouver des solutions avant l’interdiction. »

À l’attention des éleveurs, Emmanuel Macron a exclu de soutenir l’accord UE-Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), « pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris (sur le climat) et s'ils ne respectent pas les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs », a-t-il rappelé.

L’accord a été conclu en 2019 entre l'UE et le Mercosur, après plus de 20 ans de difficiles négociations, mais il n'a pas encore été ratifié. La Commission européenne espère pourtant que le processus aboutira dans les prochains mois.

Pression sur les distributeurs pour contenir les prix alimentaires

Au moment où certains redoutent un « mars rouge », qui verrait les prix alimentaires flamber encore davantage, Emmanuel Macron avait aussi un message pour la grande distribution.

« Ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, ce sont les distributeurs », a-t-il lancé, estimant que les producteurs avaient fait leur part compte tenu de l'explosion de leurs coûts.

Les négociations annuelles entre industriels et grande distribution s’achèvent, comme chaque année, au 1er mars, ce qui alimente le spectre d'un nouveau rebond des prix dans quelques jours, avec ses effets prévisibles sur le pouvoir d'achat.

Arrivé autour de 7h20 à la porte de Versailles, Emmanuel Macron pourrait battre son record de 2018, année où il était resté plus de 12 heures sur le salon.  

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