30 ans que Solidel existe. Pourtant, les agriculteurs et salariés agricoles en situation de handicapne savent souvent pas quels aides et accompagnements ils peuvent solliciter, surtout lorsqu’ils sont touchés de manière brutale, après un accident en particulier.
Nationale, mais fonctionnant en réseau sur tout le territoire, cette association de la MSAdéveloppe une offre de services spécifiques, à destination également des professionnels accompagnants : appui technique, outils pédagogiques (formations, supports en ligne, stages, etc.), temps d’échange et autres événements tels que des concours, des expositions, des conférences, des podcasts… afin de mettre en avant les « initiatives » dans le domaine et les « travailleurs en situation de handicap dans les métiers de l’agriculture, et plus largement dans le milieu rural », indique le site internet www.solidel.fr. Le tout axé sur l’autonomie et le bien-être de ces publics.
Le défi « J’aime ma terre » vise à récompenser, par exemple, « la mise en œuvre d’équipements et de techniques améliorant leur qualité de vie au travail, ainsi que la sécurité et la prévention des risques de pénibilité ». Citons aussi le projet Sol’e-inclusion, dont le but est de favoriser l’acquisition de compétences numériques en cas de handicap psychiques et/ou mentaux. Un facteur essentiel pour l’inclusion dans le monde du travail.
En parler de façon attractive et à partir du vécu
Par ailleurs, la MSA Poitou (départements de la Vienne et des Deux-Sèvres) a créé sur les réseaux sociaux la websérie Encore PossibleS ! pour sensibiliser et informer, qu’ils soient porteurs ou pas de handicap, les exploitants en général, employeurs de main-d’œuvre ou non, et les salariés agricoles. Les neuf épisodes illustrent en vidéo, de façon attractive et humoristique, à partir de témoignages et de situations vécues, toutes les étapes du parcours que sont amenées à vivre les personnes handicapées :
#1 La réunion d’information pendant l’arrêt de travail
#2 Qui fait quoi pour aider au retour à l’emploi
#3 Le dossier MDPH (une assistante sociale de la MSA vient en parler avec un agriculteur en situation de handicap, qui refuse de se considérer comme tel ! Elle montre que le dossier n’est pas si lourd, et qu’elle peut l’aider à le remplir)
#4 L’étude du poste de travail
#5 L’aménagement du poste de travail
#6 Le rendez-vous avec le médecin-conseil
#7 La visite de pré-reprise
#8 La reprise du travail
#9 La reconversion professionnelle
Les doutes, les appréhensions, les préjugés, l’isolement, les difficultés physiques, les impacts financiers, la complexité administrative… tout est évoqué pour briser les tabous. Cette action a d’ailleurs été lauréate d’un appel à projet innovation de l’Agefiph (Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) sur le maintien en emploi et la prévention de la désinsertion professionnelle. Une deuxième saison devrait voir le jour.
« Tout n’est pas terminé »
Dans l’épisode#5 L’aménagement du poste de travail notamment, l’agriculteur handicapé répète à plusieurs reprises : « Tout est terminé pour moi. » Il estime en effet qu’il ne va pas pouvoir poursuivre son activité, physiquement et à cause des démarches administratives longues et complexes. Un conseil en prévention de la MSA et un chargé de maintien à l’emploi de chez Cap Emploi lui démontrent le contraire : ils lui proposent une étude de poste afin de regarder les aménagements possibles qui lui permettraient de rester agriculteur malgré son handicap. Ils lui expliquent qu’il peut s’agir d’adaptations matérielles, organisationnelles ou d’un appui humain.
Le médecin du travail les a déjà informés sur la nature du handicap, alors ils demandent à l’exploitant de leur détailler les difficultés rencontrées au quotidien. Les questions sont précises : productions, surface cultivée, nombre de bêtes… La vidéo montre qu’une visite de l’exploitation est prévue pour se rendre compte de visu, sur le terrain. La configuration des bâtiments, les machines utilisées, le système d’alimentation du troupeau, les accès à la stabulation… tout est analysé. L’objectif est de « cibler les investissements » prioritaires, pour déposer des demandes d’aide auprès de l’Agefiph, « qui prend en compte le surcoût lié au handicap », peut-on voir. La MSA et Cap Emploi peuvent épauler pour la recherche d’équipementiers et la réalisation des devis, entend-on aussi.
« Mon handicap disparaît »
Autre petit zoom sur la vidéo #9 La reconversion professionnelle, où Cap Emploi vient à la ferme faire le bilan du stage à effectuer, au préalable, pour conforter cette décision. Le stagiaire paraît épanoui, il s’est bien intégré au sein de l’équipe, et accordé avec sa tutrice. Cap Emploi lui demande de lister les tâches réalisées, son ressenti vis-à-vis de celles-ci, et les contraintes éventuelles auxquelles il a été confronté. Et à la tutrice, ce qu’elle pense de lui, laquelle met en avant les compétences et qualités dont il a fait preuve. « C’est vraiment ce que je veux faire. Personne ne me juge, je vois le bout du tunnel ! Mon handicap disparaît complètement », s’exclame le stagiaire.