Plus de 1 100 camions de marchandises en provenance d’Ukraine attendent au poste-frontière de Siret, au nord-est de la Roumanie, d’être autorisés à entrer dans le pays. Le trafic est à l’arrêt et la file d’attente s’étend sur vingt kilomètres.
Pourquoi ce blocage ? Parce que les agriculteurs sont en colère, protestant surtout contre l’entrée des céréales ukrainiennes en Roumanie. On leur avait promis qu’elles n’atteindraient pas le marché roumain, pourtant elles sont vendues en grande quantité dans le pays depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Depuis lundi 15 janvier, ils bloquent plusieurs zones frontalières pays avec des tracteurs pour alerter les autorités roumaines sur leur situation et obtenir que les grains ukrainiens ne fassent que transiter par la Roumanie.
« C’est de la concurrence déloyale et nous ne pouvons pas faire face à des prix qui ont tellement baissé que si nous vendions à ces prix, nous ferions faillite », déclare l’un des agriculteurs roumains présents à la douane de Siret.
Leurs camions bloqués sur place par les manifestants, les chauffeurs ukrainiens demandent de leur côté des solutions à la mairie de Siret pour pouvoir rentrer dans leur pays.
Manifestation aussi sur le port de Constanța
Le port maritime de Constanța, sur la mer Noire n’a pas échappé à la mobilisation : depuis le début de la semaine, des centaines d’agriculteurs et de transporteurs bloquent quatre entrées du port.
Munis de drapeaux et de banderoles déployés sur les camions, ils réclament une réglementation des produits ukrainiens mais veulent aussi des subventions pour le carburant.
« Nous essayons de résister dans la rue jusqu’à ce que nous parvenions à changer quelque chose. J’ai parlé aux transporteurs polonais et tchèques, et ils bénéficient d’une subvention de leur gouvernement pour le carburant. Ils récupèrent les droits d’accise sur le diesel, nous n’obtenons rien », déclare sur place un transporteur céréalier roumain.
Chaque jour, d’autres manifestants rejoignent les autres dans la rue : les agriculteurs et les chauffeurs roumains ne veulent pas abandonner la mobilisation engagée depuis le 10 janvier dans l’ensemble du pays, perturbant la circulation dans plusieurs grandes villes.
Un accord, mais la mobilisation perdure
Ils réclament un moratoire sur le remboursement des prêts, un paiement plus rapide des subventions, et la mise en place de files d’attente séparées aux postes-frontières et au port maritime de Constanța pour séparer les camions venus d’Ukraine de ceux de l’UE.
Ils ont aussi des revendications jugées « absurdes » par les autorités, comme la gratuité du carburant pour les agriculteurs, ou le doublement des subventions.
Le ministre de l’agriculture et dix associations d’agriculteurs ont déclaré lundi 15 janvier qu’ils étaient parvenus à un accord sur les mesures les plus importantes réclamées par les agriculteurs, ce qui n’a pas stoppé la mobilisation.
Ce jeudi 18 janvier, les douanes ukrainiennes ont ainsi indiqué à Reuters qu’un blocus d’agriculteurs et de chauffeurs routiers était en cours sur le passage autoroutier reliant Halmeu (Roumanie) à Diakove (Ukraine), et que le trafic des camions quittant l’Ukraine y était suspendu.