Elisa Fertig, qui représente le ministère américain de l’agriculture auprès de l’Union européenne, tient à rétablir quelques vérités sur le paysage agricole américain. « Il est très diversifié, dans ses productions mais aussi dans ses structures d'exploitations agricoles, présente la diplomate. Contrairement aux idées reçues, aux États-Unis qui en totalise 2 millions, 98 % sont de petites et moyennes fermes familiales, d’une surface autour de 180 ha. »
Beaucoup d'idées reçues sur l'agriculture américaine.
Au pays de l’Oncle Sam, les exploitations sont catégorisées selon leur chiffre d’affaires et non leur taille. « Ce que l’on peut produire sur un hectare non-irrigué dans l’Utah n’a rien à voir avec les ventes issues d’un hectare de fruits et légumes dans une zone fertile », argumente Elisa Fertig.
De grandes exploitations en bovins lait et viande
Elles génèrent 59 % de la valeur agricole.
Les petites fermes, celles qui vendent pour moins de 350 000 dollars, représentent 90 % des exploitations, mais génèrent seulement 21 % de la valeur de la production agricole. « Elles produisent majoritairement des volailles et des œufs consommés localement, détaille l'experte. Beaucoup d'exploitants sont pluriactifs car ils ont besoin d’un salaire complémentaire ». Les secteurs du coton, des céréales et des oléagineux regroupent une majorité de fermes de taille moyenne, réalisant des ventes de 350 000 à 999 999 dollars.
Les plus grandes tailles d’exploitations (avec capitaux extérieurs), celles qui vendent pour plus d’un million de dollars chaque année, se trouvent en production laitière et de bovins viande, ainsi qu'en fruits et légumes. « Elles embauchent beaucoup de main-d’œuvre, pas seulement familiale », souligne Elisa Fertig. Et elles génèrent 59 % de la valeur agricole alors qu’elles ne représentent que 6 % des fermes.
Beaucoup de pluriactifs par manque de revenus.
Demande croissante en bio et produits locaux
Sur les dernières années, le secteur agricole américain a vu un fort développement du bio et de l’agriculture urbaine. « Des fermes urbaines sont souvent créées et gérées par des communautés, comme des associations de quartiers, pour répondre à une demande de produits locaux et à une volonté des gens de reprendre en main leur alimentation », partage Elisa Fertig.
Comme en France, la transmission des exploitations est une question cruciale. « 70 % des terres changeront de main sur les 20 prochaines années, souligne la diplomate. L’âge moyen des agriculteurs est de 58 ans. « Pour garder un secteur agricole dynamique, il est impératif d’anticiper, de préparer leur succession, sinon nous risquons de voir les plus petites structures se faire absorber par de plus grandes, et des hectares partir vers des utilisations non-agricoles, alerte la diplomate. Pour qu’il y ait des installations, il est nécessaire d’assurer un revenu aux exploitants agricoles, notamment pour les petites et moyennes structures où beaucoup sont pluriactifs pour combler une rémunération insuffisante. »
Un classement selon le chiffre d'affaires, non la taille.