« C'est un mot d'ordre lourd de conséquences, mais on n'en peut plus », a lancé Sylvain Crucerey, président de la FDSEA Haute-Saône devant une cinquantaine d'agriculteurs réunis dans une exploitation de Vallerois-le-Bois. « Puisqu'on n'a plus de valeur ajoutée, on ne va plus payer la TVA », a-t-il expliqué, appelant les agriculteurs à mettre ainsi la pression sur le gouvernement.
« Pour sauver les banques, l'État a effacé des dettes. Aujourd'hui si l'État veut sauver l'agriculture, il faut prendre son courage à deux mains et effacer les dettes d'un certain nombre d'agriculteurs ».
Pour Jean-François Bassinet, éleveur à Beaumotte-Aubertans, si l'idée se tient, elle pose le problème de la relation avec les fournisseurs: « ils sont conciliants aujourd'hui, alors qu'on n'arrive déjà plus à payer les factures, même hors taxes, et c'est eux qui vont devoir être intermédiaires ».
« On l'expliquera à nos fournisseurs », a réagi Julien di San Antonio, du Groupement agricole d'exploitation en commun (Gaec) qui accueille la réunion. « Mais on va le faire pour faire réagir l'État ».
Particulièrement affectés par la météo défavorable - avec des baisses de rendements pouvant dépasser les 50 % pour les céréales - à laquelle s'ajoutent un prix du lait en baisse - à 262 euros les 1 000 litres sur les six prochains mois - et des bovins vendus « un euro le kilo en moins de ce qu'il faudrait pour entrer dans nos frais », selon M. Crucey, les agriculteurs de Haute-Saône espèrent « faire tache d'huile » avec cet appel.
A l'échelle nationale, le président des Jeunes Agriculteurs a déjà prévenu que son organisation soutiendrait le mot d'ordre. « Nous en voulons beaucoup aux industriels (...) mais l'État doit aussi montrer la voie. Tout n'a pas été fait pour rééquilibrer les tarifs », estime Jérémy Decerle.